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Maroc 2025 : le défi d’une chaleur devenue permanente
En 2025, le Maroc vit au rythme d’une canicule qui n’a plus rien d’exceptionnel. Avec des températures qui dépassent les 46°C à Ben Guérir, Smara ou encore Errachidia, le royaume est frappé de plein fouet par une réalité climatique devenue structurelle. Ce qui apparaissait hier comme une série d’événements extrêmes s’impose désormais comme une norme : la chaleur n’est plus un accident météorologique, mais un défi civilisationnel.
Déjà en 2024, les 48°C enregistrés à Beni Mellal avaient choqué les consciences et endeuillé 21 familles. Un an plus tard, la fréquence et l’intensité de ces vagues de chaleur s’intensifient, confirmant une transformation profonde du climat marocain. Le pays entre dans une ère où chaque été devient une épreuve pour les hommes, les terres, les infrastructures et les institutions.
L’eau, enjeu stratégique du XXIe siècle
Les conséquences ne se font pas attendre. Les barrages, déjà fragilisés par six années de sécheresse, affichent des taux de remplissage critiques. En 2024, l’évaporation dans les retenues hydrauliques atteignait 1,5 million de m³ par jour ; en 2025, la situation ne s’est pas améliorée. Le recours massif au pompage souterrain épuise les nappes et accentue la pression sur le réseau électrique. Le dessalement, bien qu’en développement, reste marginal face à l’ampleur de la crise.
L’eau devient une ressource stratégique, au même titre que l’énergie ou la sécurité alimentaire. La gestion hydrique, longtemps cantonnée au développement durable, migre vers un registre plus sécuritaire, à la croisée des politiques publiques, économiques et sociales.
Un modèle agricole à bout de souffle
L’agriculture, pilier économique et social du pays, souffre particulièrement de ce bouleversement. Cultures maraîchères et arboricoles, autrefois florissantes, ploient sous un stress thermique chronique. Tomates, melons, agrumes : floraison avortée, calibres réduits, perte de qualité… les symptômes d’une agriculture épuisée s’accumulent.
Le modèle agricole intensif, tributaire d’un accès abondant à l’eau et à l’énergie, montre ses limites. Les exploitants, confrontés à l’envolée des coûts et à des rendements incertains, voient leur marge de manœuvre se réduire à peau de chagrin. La transition vers une agriculture résiliente, adaptée à l’aridité croissante, s’impose comme une urgence stratégique.
Énergie : une demande qui explose
La chaleur extrême accroît la dépendance aux systèmes de refroidissement. En 2025, la demande électrique grimpe de 15 %, portée par la multiplication des climatiseurs domestiques et des pompes agricoles. Les unités agroalimentaires, quant à elles, fonctionnent à plein régime pour préserver les récoltes sous réfrigération, accentuant la surcharge du réseau.
Si la transition énergétique est amorcée, elle ne suit pas le rythme effréné de la crise. Les énergies renouvelables peinent à compenser l’envolée des besoins, et les solutions écologiques restent trop peu répandues.
Un système de santé dépassé
Sur le plan sanitaire, les autorités s’inquiètent d’un été meurtrier. Les dispositifs d’alerte, les plans de prévention et les équipements adaptés sont encore sous-dimensionnés. Les hôpitaux manquent de protocoles spécifiques pour gérer les « urgences climatiques ». Les populations les plus vulnérables — personnes âgées, enfants, travailleurs exposés — paient le prix fort.
Les 21 décès de Beni Mellal en 2024 n’auront pas suffi à déclencher un véritable sursaut. En 2025, l’inquiétude reste vive : le lien entre chaleur extrême et mortalité est établi, mais les réponses institutionnelles restent en deçà.
Un territoire en déséquilibre
Cette crise climatique creuse les inégalités territoriales. Les zones rurales, moins équipées et plus exposées, peinent à faire face. L’exode rural s’accentue, les infrastructures se dégradent, et le sentiment d’abandon s’installe. La canicule devient un accélérateur de fractures sociales et de désintégration territoriale.
À terme, c’est l’équilibre national qui est menacé. Les projections alarmantes publiées en 2024 évoquaient une perte potentielle de 19 % du PIB mondial d’ici 2050 en raison du climat. Pour le Maroc, ces chiffres prennent une résonance concrète : pertes agricoles, tensions sociales, précarisation énergétique et sanitaire.
Une résilience à repenser
Face à ce basculement climatique, la résilience ne peut plus être une option. Elle doit devenir une doctrine, structurante et transversale, intégrant urbanisme, agriculture, énergie, santé et gouvernance territoriale. Le Maroc n’affronte pas seulement une vague de chaleur : il fait face à un changement d’ère. Et pour s’y adapter, il faut agir dès maintenant, à tous les niveaux.
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