- 16:03Mobilité et visas : l’Afrique entre restrictions croissantes et réinvention numérique
- 13:00Boualem Sansal : entre silence officiel et espoir d’un sursaut humanitaire
- 19:00Boualem Sansal renonce au pourvoi en cassation : une condamnation définitive au goût amer
- 10:50Gérard Araud : « L’Algérie moderne s’est construite contre la France »
- 08:04L’Algérie gracie 6 500 détenus, mais maintient Boualem Sansal en prison
- 14:45Mandat d’arrêt contre Bachar El-Assad : la Cour de cassation se prononcera le 25 juillet
- 13:06Le Maroc rend hommage à ses pionniers de l’immigration en France
- 12:02Keir Starmer et Emmanuel Macron coprésideront une réunion de soutien militaire à l’Ukraine
- 11:06Grève dans les aéroports français : 1.500 vols annulés en deux jours
Suivez-nous sur Facebook
Avocat marocain : un record d’exportations terni par la chute des prix
La campagne 2024/2025 d’exportation d’avocats s’est achevée sur un record inédit pour le Maroc, qui a franchi le cap symbolique des 100 100 tonnes expédiées, sur une production nationale estimée à 130 000 tonnes. Une performance saluée par les professionnels, mais entachée par une baisse moyenne des prix de 20 % par rapport à la saison précédente.
Une performance logistique sous tension
Si le volume exporté marque une avancée significative, les conditions de la campagne ont mis en lumière les limites d’une filière encore fragile. La stratégie adoptée par certains producteurs, consistant à retarder la récolte dans l’espoir de prix plus attractifs, a engendré un décalage dans les expéditions, perturbant les flux vers les marchés internationaux.
« Cette tactique a affecté la crédibilité du Maroc en tant que fournisseur fiable et a généré une instabilité préjudiciable », a déploré Abdellah Elyamlahi, président de l’Association marocaine de l’avocat (MAVA).
La variété Hass en tête, mais une concurrence féroce
La variété Hass, qui représente 90 % des exportations marocaines, continue de séduire les marchés historiques comme les Pays-Bas, la France et l’Espagne, tout en s’ouvrant à de nouveaux débouchés tels que la Turquie, les pays scandinaves et le Qatar. Toutefois, le marché reste très concurrentiel, notamment face à des pays producteurs majeurs comme la Colombie, le Pérou ou Israël, qui ont inondé le marché, contribuant à la chute des prix, en particulier durant les mois de forte disponibilité.
Une culture en pleine expansion, mais à optimiser
Entre 2020 et 2025, la surface dédiée à l’avocat a doublé, passant de 6 000 à 12 000 hectares, et devrait atteindre 15 000 hectares d’ici 2027. Mais si les exploitations les plus performantes atteignent 24 tonnes par hectare, la moyenne nationale plafonne à 10 tonnes. L’objectif est désormais clair : améliorer la qualité plutôt que gonfler les volumes.
« Nous visons un rendement plus homogène autour de 15 à 20 tonnes, mais surtout des fruits sans défauts, répondant aux standards internationaux », insiste M. Elyamlahi.
Structurer la filière pour gagner en compétitivité
Le secteur reste encore atomisé, avec près de 200 producteurs concentrés entre Tafilalet et Larache, dont seulement une moitié cultive sur plus de 5 hectares. En parallèle, une vingtaine d’exportateurs détiennent les rênes du marché. Pour pallier cette fragmentation, la MAVA planche sur la création d’un organisme interprofessionnel chargé de faciliter les échanges entre acteurs et les pouvoirs publics.
L’enjeu américain et la diversification des marchés
Parmi les objectifs stratégiques figure l’ouverture du marché nord-américain. Des négociations phytosanitaires sont en cours avec les États-Unis, avec l’espoir de premières exportations d’ici 2026-2027. En parallèle, les regards se tournent vers le Canada, la Scandinavie et plusieurs pays du Golfe comme la Jordanie ou l’Arabie saoudite.
Mais le temps presse : avec des prévisions de 150 000 tonnes dès la saison prochaine, et 200 000 tonnes d’ici 2030, le maintien d’un calendrier de récolte court (novembre à mars) impose une stratégie d’écoulement mieux planifiée.
Qualité, traçabilité, savoir-faire : les clés de l’avenir
Pour pérenniser la croissance du secteur, la montée en gamme devient impérative. Cela passe par une meilleure gestion post-récolte, l’amélioration des pratiques de cueillette, et surtout une diffusion de ces bonnes pratiques auprès des petits producteurs, souvent laissés en marge de la modernisation.
« Il ne suffit plus de produire en quantité. C’est l’excellence du fruit marocain qui fera la différence à l’avenir », conclut le président de la MAVA.
À l’heure où l’avocat devient un produit stratégique de l’agriculture marocaine, entre ambitions internationales et défis structurels, le Royaume joue une carte à haute valeur ajoutée. À condition de miser sur l’organisation, la qualité et la diversité des marchés.
Commentaires (0)