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Chute des prix de la viande rouge au Maroc : quel avenir pour les importations ?

Mardi 04 Mars 2025 - 10:50
Chute des prix de la viande rouge au Maroc : quel avenir pour les importations ?
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Les contours d’une transformation majeure du marché de la viande rouge au Maroc commencent à se dessiner après la décision royale d’annuler l’abattage des moutons pour l’Aïd al-Adha. Cette mesure a entraîné une baisse significative des prix des ovins sur le marché national, suscitant des interrogations sur l’avenir des importations en provenance d’Europe.

Une baisse des prix qui freine l’importation

Selon des sources du secteur, le prix de la viande ovine a chuté de 120 à 90 dirhams le kilogramme, rendant les importations moins attractives. Les professionnels, notamment les importateurs, jugent désormais improbable la poursuite de leurs opérations, malgré le maintien par le gouvernement d’une subvention de 500 dirhams par tête importée.

Mohamed Jebli, acteur du secteur, explique que le coût d’un mouton en Espagne atteint 120 dirhams le kilogramme, soit un écart de 30 dirhams avec le marché marocain. Face à cette situation, les importateurs préfèrent suspendre leurs activités en attendant une éventuelle baisse des prix en Europe.

Une économie de plusieurs millions de têtes

L’annulation de l’abattage des moutons devrait permettre au Maroc d'économiser entre 5 et 6 millions de têtes ovines. L’un des principaux bénéfices de cette mesure est la préservation des femelles, favorisant ainsi le renouvellement du cheptel pour l’année suivante.

L’économiste Mohamed Jedri souligne que le gouvernement devrait repenser ses mécanismes de soutien à l’importation. Actuellement, aucune taxe n’est appliquée sur l’importation des ovins (ni TVA ni droits de douane), mais cet avantage ne semble pas se traduire par une baisse effective des prix.

Réformes et perspectives d’avenir

Jedri appelle à un dialogue entre le gouvernement et les acteurs du secteur afin de mieux protéger les consommateurs. Il dénonce la concentration du marché entre une poignée d’intermédiaires et de grands distributeurs qui maintiennent des prix élevés malgré les exonérations fiscales.

Il préconise un soutien renforcé aux petits éleveurs pour assurer un renouvellement durable du cheptel et propose la mise en place de points de vente spécifiques pour le bétail importé. Il suggère également un plafonnement des prix, estimant qu’il est inacceptable que des entreprises bénéficiant d’avantages fiscaux puissent vendre au prix du marché.

Enfin, l’économiste insiste sur la nécessité d’adresser les problèmes structurels du secteur, notamment la gestion de l’eau et le coût des aliments pour bétail, des facteurs dont l’instabilité est exacerbée par les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.

L’annulation de l’abattage des moutons pour l’Aïd al-Adha rebat les cartes du marché de la viande rouge au Maroc. Si cette mesure permet de stabiliser l’offre locale et de préserver le cheptel, elle pose aussi la question de l’avenir des importations. Face à cette nouvelle donne, le gouvernement devra redoubler d’efforts pour réguler le secteur et garantir un accès équitable à la viande rouge pour les consommateurs.

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