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Le chaînon manquant de notre ambition industrielle
Le Maroc est en train de bâtir une industrie nationale plus robuste, plus diversifiée, plus ambitieuse. Cette dynamique est réelle. Elle se voit dans les investissements, les plateformes industrielles, les chaînes de valeur qui se structurent.
Mais une industrie ne se résume jamais à des équipements, des zones ou des incitations financières. Elle repose d’abord sur une architecture humaine et intellectuelle : l’ingénieur, l’entreprise et le territoire.
Or, c’est précisément à ce niveau que se joue aujourd’hui l’enjeu le plus stratégique.
Du technicien spécialisé à l’ingénieur systémique
Le monde industriel a profondément changé.
Nous sommes passés d’un modèle fondé sur l’ingénieur du XXᵉ siècle — hautement spécialisé, souvent cantonné à une fonction technique — à un ingénieur du XXIᵉ siècle, multidimensionnel, capable de penser simultanément la technologie, l’économie, la transformation numérique et l’impact organisationnel.
Ce nouvel ingénieur ne se contente pas d’exécuter.
Il analyse, arbitre, anticipe.
Il crée de la valeur, structure l’innovation et participe aux choix stratégiques.
Ce sont ces profils qui, partout dans le monde, donnent à l’industrie sa dimension souveraine.
Une industrie qui progresse… sur une base encore importée
Le paradoxe marocain est là :
Notre industrie avance, mais son socle technologique demeure largement importé.
Ce constat n’est ni idéologique ni alarmiste. Il est même compréhensible dans les phases initiales d’industrialisation. Mais il devient problématique dès lors que l’on vise la montée en gamme, la résilience et la capacité de décision.
Une industrie qui ne maîtrise pas ses compétences clés finit toujours par dépendre des choix faits ailleurs.
Le facteur territorial : l’angle mort du débat
À cette dépendance technologique s’ajoute une autre fracture, moins visible mais tout aussi structurante : l’inégalité territoriale des capacités d’accompagnement.
L’exemple est parlant : à quelques kilomètres de grands pôles industriels, certaines zones restent privées de véritables écosystèmes d’ingénierie et de tissus de PME soutenus par les compétences adéquates.
Les opportunités existent. Les investissements sont là. Mais l’ancrage local de la valeur ajoutée reste faible.
Sans ingénieur intégré au territoire, l’industrie devient une enclave.
Avec lui, elle devient un levier de développement.
Changer de logique : penser l’ingénierie comme politique industrielle
Il est temps de cesser de traiter la formation comme un secteur autonome.
Elle doit être pensée comme un pilier central de la politique industrielle.
Concrètement, une approche industrielle territoriale pourrait s’appuyer sur trois leviers simples et réalistes :
- L’intégration de l’ingénieur dans les mécanismes de financement et d’incitation, afin de faire du capital humain un critère aussi déterminant que l’investissement matériel.
- Des contrats industriels régionaux clairs, alignant formation, besoins des entreprises et priorités territoriales.
- Des unités d’innovation ancrées localement, capables de connecter ingénieurs, PME et marchés.
La souveraineté industrielle commence par l’intelligence collective
L’industrie moderne est une chaîne cohérente :
un ingénieur qui pilote,
des entreprises qui innovent,
et un territoire qui en bénéficie.
Lorsque cette boucle fonctionne en harmonie, la souveraineté industrielle cesse d’être un slogan. Elle devient un résultat.
Le véritable enjeu n’est donc pas seulement de produire davantage, mais de décider mieux, ici, avec nos compétences, et pour l’ensemble de nos territoires.