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Poutine, Erdogan et Pezeshkian en visite au Turkménistan

10:01
Poutine, Erdogan et Pezeshkian en visite au Turkménistan

Le Turkménistan, État désertique d’Asie centrale bordé par l’Iran, l’Afghanistan et la mer Caspienne, s’apprête à accueillir ce vendredi une brochette de dirigeants rarement réunis : le président russe Vladimir Poutine, le chef d’État turc Recep Tayyip Erdogan et le président iranien Massoud Pezeshkian. Une rencontre symbolique, organisée à l’occasion du trentième anniversaire de la « neutralité permanente », doctrine fondatrice d’un régime parmi les plus hermétiques du monde.

Depuis son indépendance en 1991, cette ex-république soviétique n’a connu que trois présidents, dont deux issus de la même dynastie. Après la mort en 2006 de Saparmourat Niazov, autoproclamé « Père des Turkmènes » et célèbre pour son culte de la personnalité, le pouvoir a été transmis à la famille Berdymoukhamedov. Aujourd’hui, Serdar Berdymoukhamedov dirige officiellement le pays, mais son père Gourbangouly, toujours auréolé du titre de « Héros-Protecteur », continue de manière informelle à gouverner en tandem. Leur présence omniprésente dans les médias, leurs statues monumentales et leurs publications officielles constituent les marqueurs d’un autoritarisme solidement installé.

Au cœur du discours officiel turkmène figure la « neutralité permanente », reconnue par les Nations unies en 1995. Présentée comme un pilier identitaire, elle sert surtout de socle à une politique intérieure d’isolement extrême. Le pays demeure largement inaccessible aux médias indépendants, aux ONG internationales et aux mécanismes onusiens, rappelle Amnesty International. L’information y est strictement contrôlée, tandis que l’accès à de nombreux réseaux sociaux reste bloqué.

Cette neutralité n’empêche pas une diplomatie sélective : Ashgabat entretient des liens étroits avec la Chine, la Russie, l’Iran et la Turquie, principalement autour des exportations de gaz naturel dont les réserves figurent parmi les plus importantes au monde. Cette richesse contraste toutefois avec une vulnérabilité croissante : le manque d’eau, aggravé par le changement climatique, met sous tension la production agricole, notamment la culture du coton, particulièrement gourmande en irrigation.

Autre symbole du paradoxe turkmène : le site de Darvaza, surnommé les « portes de l’enfer », un cratère enflammé depuis 1971 qui relâche du méthane dans l’atmosphère. Alors que le pays détient le record mondial des fuites massives de gaz selon l’Agence internationale de l’énergie, les autorités promettent régulièrement de maîtriser ce foyer, sans succès jusqu’à présent.

À cela s’ajoute une dimension culturelle façonnée par le régime : les races locales de chevaux akhal-teke et de chiens alabaï font l’objet d’un véritable culte, avec des journées nationales dédiées et des statues géantes érigées en leur honneur. Une mise en scène soigneusement orchestrée, qui conforte l’image d’un pouvoir centré sur ses symboles et jaloux de son récit national.

La célébration du trentième anniversaire de la neutralité permanente apparaît ainsi comme un moment clé pour comprendre un pays où la mise à distance du monde extérieur cohabite avec une diplomatie opportuniste et une affirmation identitaire tournée vers le culte du pouvoir.



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