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Caisse de compensation : la réforme qui inquiète
Depuis mai 2024, le Maroc a amorcé une réforme majeure de son système de soutien social : le début du démantèlement de la Caisse de compensation, notamment à travers la réduction progressive des subventions sur le gaz butane. Cette mesure, justifiée par le gouvernement comme un levier pour améliorer l’efficacité de la dépense publique et réorienter les aides vers les plus pauvres, provoque néanmoins une vive inquiétude au sein de la population.
Une réforme budgétaire sous tension
Présentée comme une nécessité pour préserver la soutenabilité des finances publiques, cette réforme vise à réduire le déficit budgétaire et à réaffecter les ressources aux programmes sociaux ciblés. Selon les projections officielles, le gouvernement espère ainsi économiser près de 1,2 milliard de dollars par an pour ramener le déficit de 4 % à 3 % du PIB d’ici 2026.
Cependant, dans un contexte de volatilité des marchés mondiaux et d’inflation persistante, ces projections semblent fragiles. Le coût des subventions pourrait grimper à 1,6 milliard de dollars en 2025, en raison de la hausse des prix du gaz, du sucre et du blé. Le démantèlement de la Caisse intervient donc à contretemps, risquant d’amplifier les pressions sur le pouvoir d’achat.
Un filet social qui s'effiloche
La suppression des subventions sur le gaz butane représente un tournant symbolique et concret. Ce produit, massivement utilisé par les ménages pour la cuisson et le chauffage, constituait l’un des derniers remparts contre la précarité énergétique. Pour de nombreuses familles, notamment rurales, cette aide garantissait un minimum de stabilité dans un quotidien marqué par l’incertitude économique.
L’argument selon lequel les subventions profitaient davantage aux riches qu’aux pauvres est battu en brèche par des experts comme le politologue Abderrafie Zaanoun, qui souligne que cette logique ignore les réalités d’un tissu social complexe. « Le Maroc s’oriente vers un modèle social plus minimaliste, où l’aide ciblée remplace un soutien universel. Cela peut creuser davantage les inégalités, notamment au détriment des classes moyennes », explique-t-il.
Aides directes : promesse ou mirage ?
Le gouvernement mise désormais sur des transferts monétaires directs, censés toucher entre 4 et 5 millions de familles d’ici 2026. Mais les critiques pleuvent : montants insuffisants, inflation non maîtrisée, critères d’éligibilité opaques… Autant de limites qui fragilisent la crédibilité du dispositif. De nombreuses familles en situation de vulnérabilité se retrouvent exclues, souvent en raison de défaillances administratives ou de critères algorithmiques peu adaptés aux réalités du terrain.
En parallèle, la généralisation de la protection sociale — annoncée comme la grande cause nationale — semble piétiner. Les bénéficiaires du régime « AMO-Tadamon » rapportent des difficultés d’accès aux soins, faute d’un réseau de santé suffisant et de couverture effective.
Un risque accru de fracture sociale
Derrière les chiffres et les objectifs macroéconomiques, la réforme touche à un équilibre fragile : celui d’un pacte social implicite entre l’État et ses citoyens. Dans une société marquée par la stagnation des revenus et une hausse continue des prix, la suppression des subventions sans une alternative solide pourrait accentuer la paupérisation, notamment des classes moyennes, longtemps considérées comme stabilisatrices.
Sans réforme fiscale équitable ni stratégie de développement social inclusive, le Maroc pourrait reproduire les erreurs de nombreux pays du Sud ayant opéré des transitions similaires. Le résultat : un filet de sécurité effiloché, une population plus exposée à la précarité, et une confiance affaiblie envers les institutions.
Réformer la Caisse de compensation peut être une étape nécessaire, mais à condition qu’elle s’accompagne d’une vision claire, équitable et inclusive. À défaut, la fin des subventions risque de laisser place à une ère de vulnérabilité accrue, où les promesses de justice sociale se heurteront aux dures réalités économiques.
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