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Plan de 6,2 milliards pour sauver le cheptel marocain

Hier 09:00
Plan de 6,2 milliards pour sauver le cheptel marocain
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Le secteur de l’élevage au Maroc traverse une crise sans précédent, exacerbée par une sécheresse prolongée, la hausse des coûts des intrants et la raréfaction des ressources naturelles. Cette situation met en péril la survie économique de milliers d’éleveurs et la sécurité alimentaire nationale, en particulier l’offre en viande rouge.

Entre 2016 et 2024, la taille du cheptel marocain a diminué de près de 40 %. La baisse est particulièrement inquiétante chez les femelles reproductrices, essentielles à la pérennité du secteur, dont le nombre est passé de 11 millions à 8,7 millions. Cette chute résulte d’un cocktail de facteurs : sécheresse intense, dégradation des pâturages, pénurie d’eau et flambée des prix des aliments pour bétail.

Les régions les plus affectées sont l’Oriental, Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab. Dans ces zones, près de 30 % des éleveurs ont abandonné leur activité, faute de rentabilité, accentuant la contraction du cheptel. Cette situation provoque une forte réduction de l’offre en viande rouge, alors même que la demande reste élevée, notamment lors des fêtes religieuses comme l’Aïd Al-Adha. Pour 2024, les prévisions officielles indiquaient une disponibilité d’environ 3 millions de têtes pour cet événement, soit moitié moins que d’habitude.

Face à cette crise alarmante, une décision royale exceptionnelle a été prise : la suspension du sacrifice traditionnel durant l’Aïd afin de préserver le cheptel reproducteur et éviter un abattage massif aux conséquences irréversibles.

Pour soutenir les éleveurs et relancer la filière, les autorités marocaines ont lancé un programme ambitieux doté d’un budget global de 6,2 milliards de dirhams, à déployer sur 2025 et 2026. Ce plan, conçu selon des principes de transparence et de gestion locale, cible la reconstitution rapide du cheptel tout en assurant la protection sociale des éleveurs.

Plusieurs axes structurent cette stratégie :

  • Allègement de la dette des éleveurs : 700 millions de dirhams seront mobilisés pour réduire la charge financière. L’État prévoit d’effacer 50 % des dettes inférieures à 100.000 dirhams, 25 % des dettes comprises entre 100.000 et 200.000 dirhams, et d’exonérer les pénalités de retard pour les dettes plus élevées.
  • Soutien à l’alimentation animale : Une subvention de 2,5 milliards de dirhams permettra de vendre l’orge à 1,5 dirham/kg et les aliments composés à 2 dirhams/kg, avec un plafond de 7 millions de quintaux chacun. Cette mesure vise à réduire les coûts d’engraissement et relancer la production.
  • Protection des femelles reproductrices : Un marquage systématique de 8 millions de brebis et chèvres sera réalisé d’ici mai 2026. Chaque éleveur bénéficiera d’une aide de 400 dirhams par femelle identifiée, encourageant la conservation du cheptel reproducteur.
  • Campagne sanitaire préventive : Un budget de 150 millions de dirhams est prévu pour le traitement sanitaire de 17 millions de têtes, afin de renforcer la résistance des animaux face aux maladies liées à la sécheresse.
  • Encadrement technique et amélioration génétique : Avec 50 millions de dirhams, le plan prévoit la création de centres d’insémination artificielle, la diffusion de bonnes pratiques et le conseil sur le terrain pour moderniser la filière et accroître la productivité.

Ce plan d’envergure reflète la volonté des autorités marocaines de protéger un secteur vital pour l’économie rurale et la sécurité alimentaire du pays. Le défi reste immense, mais ces mesures constituent un premier pas décisif vers la revitalisation de l’élevage national.

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