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La presse étrangère sous pression aux États-Unis

Hier 07:10
La presse étrangère sous pression aux États-Unis

Aux États-Unis, la liberté de la presse fait face à une nouvelle épreuve. Entre la réforme annoncée des visas pour journalistes étrangers et les attaques verbales, parfois teintées de menaces, de l’entourage de Donald Trump, les correspondants internationaux redoutent un climat de plus en plus hostile à leur travail.

Tout est parti d’un échange houleux à la Maison Blanche. Interpellé par un journaliste australien sur les affaires financières de sa famille, le président américain a sèchement répliqué, critiquant le ton employé et allant jusqu’à impliquer le Premier ministre australien dans sa remontrance. Un épisode symptomatique d’une tendance plus large, où l’origine du journaliste importe peu : les critiques tombent, qu’il soit américain ou étranger.

Mais au-delà des attaques publiques, c’est surtout la réforme des visas qui inquiète. L’administration Trump souhaite réduire la durée initiale des titres de séjour pour les journalistes étrangers à 240 jours, contre cinq ans actuellement. Pour les reporters chinois, cette période serait encore plus courte : 90 jours. Une mesure que plus d’une centaine de médias internationaux, dont l’AFP, dénoncent dans une lettre ouverte, estimant qu’elle limiterait la qualité et la profondeur de la couverture médiatique.

Des conditions de travail fragilisées

« Ce serait un cauchemar », confie un correspondant européen sous couvert d’anonymat. Comment louer un logement, obtenir un permis de conduire ou inscrire ses enfants à l’école avec un visa aussi court ? La contrainte, selon lui, ne se limite pas à des démarches administratives : elle touche aussi la capacité des journalistes à comprendre et décrypter l’Amérique dans la durée.

Des organisations comme le Comité de protection des journalistes s’alarment également. Selon elles, une telle mesure ouvrirait la voie à une forme de censure indirecte, l’accès au territoire devenant conditionné à une couverture jugée acceptable par le gouvernement. Le président du National Press Club, Mike Balsamo, a rappelé que « la liberté de la presse ne s’arrête pas aux frontières » et dépend de correspondants pouvant travailler sans épée de Damoclès.

Entre menaces et sélections politiques

Parallèlement, certaines figures du mouvement MAGA, proches du président, visent directement des journalistes étrangers. Richard Grenell, ancien ambassadeur en Allemagne, a publiquement appelé à retirer son visa à un reporter de la télévision publique allemande ZDF. De tels messages, relayés sur les réseaux sociaux, renforcent la pression et créent un climat de suspicion.

Si certains médias perçus comme idéologiquement proches de Donald Trump — à l’image de la chaîne britannique GB News — sont accueillis avec bienveillance, d’autres voient leur légitimité remise en cause. Cette sélection implicite entre « bons » et « mauvais » journalistes, selon leur ligne éditoriale, illustre une polarisation accrue du rapport entre pouvoir et presse.

Une inquiétude mondiale

Au-delà des frontières américaines, ces restrictions pourraient avoir des répercussions directes : des représailles contre des correspondants américains installés à l’étranger. Plusieurs observateurs estiment que la réforme des visas, couplée à l’hostilité verbale de certains responsables, alimente une dynamique mondiale où les journalistes deviennent des cibles faciles.

En multipliant les obstacles administratifs et les pressions politiques, l’administration Trump semble transformer le travail des correspondants étrangers en véritable parcours du combattant. Une évolution qui, si elle se confirme, risque de fragiliser non seulement la liberté de la presse, mais aussi l’image démocratique des États-Unis.



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