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Aïd al-Adha au Maroc : Entre liberté religieuse, tensions sociales et appel à la modération

Mercredi 28 Mai 2025 - 17:15
Aïd al-Adha au Maroc : Entre liberté religieuse, tensions sociales et appel à la modération
Par: Naji khaoula
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À l’approche de l’Aïd al-Adha, célébration phare du calendrier musulman, le débat s’enflamme au Maroc. Cette année, le rituel du sacrifice a été suspendu dans plusieurs régions en raison de la baisse du cheptel national et de l’explosion des prix de la viande. Mais si une large majorité de la population a compris et accepté cette décision, d’autres ont fait le choix d’acheter viande, abats ou même moutons, dans un geste symbolique, souvent motivé par la volonté de préserver une tradition familiale. Une pratique qui suscite désormais une vive controverse.

Des achats qui divisent

Des publications sur les réseaux sociaux ont accusé ces familles d’agir à contre-courant de l’intérêt collectif. L’une des prises de position les plus commentées fut celle de Mustapha Ramid, ancien ministre de la Justice, qui a qualifié les citoyens concernés de « malades ayant besoin de traitement ». Des propos jugés stigmatisants, qui ont aussitôt provoqué un tollé parmi les défenseurs des libertés individuelles et les militants des droits humains.

Abdelilah El Khoudri, président du Centre marocain des droits de l’Homme, a vivement réagi. Selon lui, le droit d’acquérir de la viande ou un mouton relève d’une liberté individuelle fondamentale. « Ce droit ne devrait souffrir d’aucune restriction tant qu’il ne nuit pas à autrui ni à l’intérêt général », affirme-t-il. Il rappelle que la décision de suspendre le rituel repose sur des motifs valables, mais que cela ne devrait pas donner lieu à des accusations de trahison ou à une mise au ban sociale.

Une tension entre tradition et intérêt collectif

El Khoudri souligne également que le fait d’acheter de la viande hors du cadre rituel de l’Aïd ne constitue pas une infraction religieuse, mais une pratique sociale ancrée. Il met en garde contre la polarisation du discours public : « Taxer certains citoyens de menacer le cheptel ou de rompre l’unité communautaire est une dérive inquiétante. Cela alimente la division et sape la cohésion sociale. »

De leur côté, les spécialistes en sciences religieuses appellent à l’équilibre. Hassan El Mous, membre du Centre Al-Maqasid pour les études et la recherche, affirme que la suspension du sacrifice repose sur des considérations sérieuses. « Elle répond à une nécessité économique et religieuse, notamment pour préserver les ressources du pays », explique-t-il.

Cependant, il se garde de condamner ceux qui ont malgré tout acheté de la viande. Selon lui, « il n’y a pas de transgression religieuse à consommer de la viande pendant cette période, à condition de rester dans une logique de modération. »

Appel à la bienveillance et au dialogue

Plutôt que de juger ou d’exclure, les voix modérées prônent le conseil sincère et la sensibilisation. « Ce n’est pas en excluant verbalement ou moralement certains citoyens que l’on renforce l’unité nationale », conclut El Mous. « Il faut privilégier l’accompagnement, le dialogue et la pédagogie. »

Ainsi, l’Aïd al-Adha 2025 devient le théâtre d’un débat plus large sur les libertés individuelles, la solidarité sociale et la capacité de la société marocaine à faire preuve de nuance dans les moments sensibles. Entre respect des traditions, exigences économiques et préservation de l’unité, le pays semble chercher un équilibre, encore fragile, mais essentiel.



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