Maroc : un hub logistique en pleine expansion

Grâce à des investissements massifs et une diplomatie économique proactive, le Maroc s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable des chaînes logistiques mondiales. À la croisée de l’Afrique, de l’Europe, de l’Asie et du Golfe, le Royaume entend non seulement consolider sa position de hub régional, mais aussi projeter son influence à l’échelle internationale.

Lors du 18ᵉ Sommet du Forum International du Transport (ITF), tenu à Leipzig du 21 au 23 mai 2025, le Maroc a affiché ses ambitions. Les rencontres bilatérales entre le ministre marocain du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, et ses homologues de Bahreïn et de France ont mis en lumière les partenariats stratégiques en cours, notamment dans les secteurs maritime, aérien et ferroviaire. Cheikh Abdullah bin Ahmed Al Khalifa, ministre bahreïni, a exprimé sa volonté de renforcer la connectivité entre les deux royaumes, tandis que Philippe Tabarot, ministre français chargé des Transports, a salué la « parfaite collaboration » avec le Maroc, en particulier dans le développement des lignes à grande vitesse.

Des investissements records pour une vision intégrée

En 2024, le Maroc a porté son budget d’investissement en transport et logistique à 10,6 milliards de dirhams, une augmentation de 43 % par rapport à l’année précédente. Ces fonds alimentent une approche multisectorielle : 6,1 milliards pour le ferroviaire, 3,2 milliards pour l’aérien, près de 900 millions pour la route et la sécurité routière, sans oublier la logistique et le maritime. Cette répartition témoigne d’une volonté de bâtir un écosystème intégré, où chaque mode de transport joue son rôle pour fluidifier les échanges et améliorer la compétitivité du pays.

L’Office national des chemins de fer (ONCF), dirigé par Mohamed Rabie Khlie, joue un rôle central dans cette dynamique. Avec 70 milliards de dirhams investis au cours des deux dernières décennies, le rail marocain a connu une modernisation spectaculaire. Le projet phare : l’extension de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech, inauguré en avril 2025 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ce chantier ambitieux, mobilisant 96 milliards de dirhams, devrait transformer les équilibres territoriaux en réduisant drastiquement les temps de trajet et en reliant cinq grandes régions représentant 67 % du PIB national.

Des partenariats qui redéfinissent les standards

Au-delà des infrastructures, le Maroc mise sur des partenariats stratégiques avec les grands noms du secteur. L’accord liant l’OCP, géant marocain des engrais, à Maersk, leader mondial du transport maritime, illustre cette volonté de conjuguer performance logistique et durabilité. Par ailleurs, les alliances nouées avec CMA CGM et les financements obtenus auprès des institutions internationales alimentent la modernisation continue des plateformes portuaires et logistiques du pays, notamment Tanger Med, devenu en quelques années un des ports les plus performants du bassin méditerranéen.

Un modèle salué sur la scène internationale

La reconnaissance internationale ne se limite pas aux performances économiques. Le secrétaire général de l’ITF, Young Tae Kim, a salué l’engagement exemplaire du Maroc en matière de sécurité routière, rappelant le rôle pionnier joué par le Royaume lors de sa présidence de l’organisation. Des mesures comme l’obligation du port du casque et le renforcement du cadre légal pour protéger les usagers ont été citées comme modèles à suivre.

Vers une montée en gamme durable et innovante

La Chambre allemande de commerce et d’industrie au Maroc souligne que le secteur connaît une croissance remarquable, alimentée par des avancées en matière de performance opérationnelle et d’innovation. L’accent mis sur la réduction des coûts logistiques, la durabilité des pratiques et l’adoption de technologies avancées constitue un socle solide pour projeter le Maroc parmi les leaders régionaux.

À l’heure où les tensions géopolitiques redistribuent les cartes du commerce mondial, le Maroc avance ses pions avec détermination, bien décidé à transformer ses ambitions logistiques en levier de croissance, d’emploi et d’attractivité.