Lors de cette rencontre organisée par l’Ecole Centrale Casablanca, en partenariat avec Médias24 et la Fondation Abderrahim Bouabid, M. Piketty a retracé, dans une perspective économique, sociale et politique, l’histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes jusqu’aux sociétés postcoloniales et hyper-capitalistes.
A cette occasion, le conférencier a mis l’accent sur les défaillances des grands systèmes qui impactent négativement le développement économique et social durable et inclusif dans plusieurs pays du monde, tout en se focalisant sur les fragilités et les transformations des idéologies inégalitaires.
Il a relevé à ce propos que l’analyse des données relatives aux inégalités dans le monde révèle une tendance de déconcentration de la fortune à long terme suite à la mise en œuvre de certaines dispositions particulièrement fiscales afin d’assurer une meilleure redistribution des richesses.
Dans son intervention, M. Piketty a donné aussi un aperçu sur les réalités économiques et sociales actuelles en Europe et aux Etats-Unis où des mesures ont été prises pour réduire les inégalités notamment l’adoption d’une imposition progressive.
Pour réussir l’oeuvre du développement, l’Afrique a besoin d’un système fiscal plus équitable et d’une politique éducative juste qui favorise l’émancipation individuelle et l’égalité des chances, a-t-il dit, notant à cet égard que le continent africain fait les frais de l’opacité financière cultivée par les pays développés et les grandes multinationales.
Il est important pour la société civile en Afrique d’avoir plus de transparence et de disposer de données sur le patrimoine, la succession, les revenus et la fiscalité pour améliorer sa connaissance des inégalités, a-t-il souligné.
Interrogé sur le nouveau modèle de développement marocain en gestation, M. Piketty a indiqué que celui-ci doit accorder une grande priorité à l’éducation, arguant que seuls les pays les plus avancés sur le plan éducatif peuvent prétendre au développement global.
Il a également insisté à ce propos sur l’importance pour le Maroc d’oeuvrer davantage en faveur de la justice fiscale en instaurant une imposition progressive sur la succession et d’encourager l’implication des collectivités locales dans la gestion des grands projets et chantiers du pays.
La veille, lors d’une conférence-débat à Rabat, M. Piketty a émis l’espoir que toutes les réflexions engagées au Maroc, aujourd’hui, sur le modèle de développement débouchent sur des décisions courageuses.
Source : MAP
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