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Pénurie de médicaments : une crise qui met en péril les patients

16:55

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Dans les officines marocaines, les rayons se vident et l’inquiétude grandit. Depuis plusieurs mois, le pays est confronté à une crise sanitaire silencieuse mais récurrente : la pénurie de médicaments essentiels, touchant en priorité les patients atteints de maladies chroniques.

Cancer, diabète, hypertension artérielle, troubles cardiovasculaires… Autant de pathologies pour lesquelles des traitements se font de plus en plus rares, plongeant les malades dans un profond désarroi. Devant certaines pharmacies, la réponse aux demandes de certains médicaments se résume souvent à un laconique « Revenez la semaine prochaine ». Ainsi, des milliers de patients arpentent les officines, espérant trouver les traitements qui leur permettent de survivre.

Selon les chiffres communiqués par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, plus d’une trentaine de médicaments essentiels étaient déjà en rupture sur le marché en 2023. Aujourd’hui, la situation ne s’est guère améliorée, et la liste des traitements introuvables ne cesse de s’allonger. Antibiotiques, traitements oncologiques, médicaments psychotropes ou encore produits destinés aux soins cardiovasculaires : les pénuries s’étendent à des segments toujours plus critiques de la santé publique.

Bien que le Maroc assure une production pharmaceutique nationale couvrant 70 à 80 % des besoins du pays, sa dépendance aux importations reste un talon d’Achille. Plusieurs facteurs expliquent cette crise persistante. Le marché marocain, relativement petit, peine à attirer l’attention des grandes entreprises pharmaceutiques, qui préfèrent approvisionner des pays à pouvoir d’achat plus élevé. Par ailleurs, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale, les crises économiques et les tensions géopolitiques ont aggravé la situation, exposant le pays à des ruptures régulières.

Un autre facteur clé réside dans la mise en place de la couverture sanitaire universelle, qui a augmenté la demande en soins et en traitements. Bien qu’il s’agisse d’une avancée majeure en matière de santé publique, son application sans ajustement de l’offre risque d’exacerber les pénuries, prévient un professionnel de la santé. Face à cette crise, les autorités peinent à apporter une réponse efficace. Une attitude jugée trop lente par les patients, qui dénoncent des délais interminables et un manque de volonté politique.

Certains malades, contraints par l’urgence, se tournent vers des solutions extrêmes : acheter leurs médicaments à l’étranger à des prix exorbitants, s’approvisionner sur le marché noir, ou interrompre leur traitement, mettant leur santé en danger. « Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment, la maladie, elle, n’attend pas », s’insurge une association de lutte contre le cancer.

Sans une restructuration profonde du secteur et une stratégie efficace pour pallier les pénuries, le Maroc risque de voir cette crise sanitaire perdurer, au péril de millions de malades. Pendant ce temps, dans les pharmacies du pays, les patients continuent d’attendre, souvent en vain, les traitements qui pourraient leur sauver la vie.

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