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Baisse des prix du poulet : un soulagement pour les consommateurs, une crise pour les éleveurs
Après avoir observé une flambée des prix de la volaille durant l'été, notamment à la suite de l’Aïd al-Adha, les tarifs du poulet au Maroc ont considérablement baissé, oscillant désormais entre 17 et 18 dirhams le kilogramme. Cette baisse, bien que bienvenue pour les consommateurs, soulève de vives inquiétudes parmi les professionnels du secteur avicole, qui subissent de lourdes pertes financières.
Une chute des prix liée à la demande et au climat
Les experts de l’industrie avicole attribuent cette diminution des prix à plusieurs facteurs. Tout d’abord, la baisse de la demande après les fêtes religieuses a contribué à relâcher la pression sur les prix. Ensuite, l’amélioration des conditions climatiques, avec des températures plus clémentes, a permis de stabiliser la production, évitant ainsi les pénuries observées pendant l’été, période durant laquelle la chaleur excessive avait affecté la productivité des élevages.
Les consommateurs soulagés après des mois de hausse
Durant tout l’été, les citoyens ont exprimé leur mécontentement face à la flambée des prix du poulet, une viande de base dans de nombreux foyers marocains. Certains en appelaient même à l’intervention du ministère de l’Agriculture pour réguler le marché. Aujourd'hui, cette baisse des prix est accueillie avec un sentiment de soulagement, car elle permet un meilleur accès à une source de protéines essentielle pour de nombreuses familles.
Les éleveurs en détresse face à une crise économique
Cependant, cette baisse des prix, qui profite aux consommateurs, met les éleveurs dans une situation extrêmement difficile. Boubker, membre de l’Association marocaine des producteurs de viandes de volaille (AMPC), exprime son désarroi face à une conjoncture qui devient « insoutenable ». Les éleveurs, selon lui, supportent l’intégralité des charges, alors que les prix de vente continuent de baisser. Parmi les coûts qui explosent, il cite notamment l'augmentation du prix des poussins, qui est passé de 4 à 5 dirhams à 13 ou 14 dirhams pour ceux achetés sur le marché noir. À cela s’ajoutent les frais d’alimentation et d’eau, aggravés par la crise hydrique qui oblige les éleveurs à acheter de l’eau à des prix de plus en plus élevés.
Des coûts non partagés équitablement
Boubker pointe également du doigt la répartition « inéquitable » des charges. Selon lui, les taxes, les augmentations des prix des matières premières et les frais liés à la crise sanitaire sont entièrement supportés par les éleveurs, sans que les usines ou les grandes entreprises n’apportent le moindre soutien. « Les usines n’ont accordé aucun allègement, malgré la baisse des prix pour le consommateur », se lamente-t-il. De plus, les éleveurs se retrouvent vulnérables face aux maladies comme la peste aviaire, qui alourdissent encore davantage leurs coûts sans qu’un soutien public ne leur soit accordé.
L'appel à l'État pour une régulation du secteur
Les éleveurs avicoles se sentent aujourd'hui abandonnés. Ils dénoncent un manque de soutien de la part de l’État et réclament une révision du système de subventions pour pouvoir faire face aux défis économiques et environnementaux. Selon eux, la baisse des prix profite avant tout aux grandes entreprises de transformation et de distribution, tandis que les petits producteurs continuent de vendre à perte.