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Données africaines : entre normes FMI et réalités politiques
Alors que la transparence statistique s’affirme comme un levier de confiance sur les marchés internationaux, la fiabilité des données macroéconomiques en Afrique demeure un défi de taille. Le 19 mai 2025, la République centrafricaine (RCA) a rejoint les rangs des 34 pays africains ayant adopté le Système général de diffusion des données amélioré (SGDD-a), rejoignant ainsi des pays comme le Rwanda, le Ghana ou encore le Nigeria dans une démarche de normalisation promue par le Fonds monétaire international (FMI). Mais au-delà des chiffres, une réalité complexe se dessine : les normes ne suffisent pas à garantir l’intégrité.
SGDD-a, NSDD : un continent à trois vitesses
L’Afrique se divise aujourd’hui en trois grandes catégories statistiques selon le FMI :
- Les pays SGDD-a, à l’image de la Côte d’Ivoire, de l’Angola ou de l’Éthiopie, cherchent à aligner leurs pratiques avec les standards internationaux pour attirer les investissements étrangers.
- Les pays SGDD classiques, comme l’Algérie, le Mali ou le Congo, avancent à un rythme plus lent, avec un engagement moins contraignant.
- Les pays NSDD, au sommet de l’échelle, comme le Maroc ou l’Afrique du Sud, se soumettent à des exigences accrues de rapidité et de vérification externe.
Ce classement reflète plus qu’une volonté technique : il trace les lignes de fracture entre des économies intégrées aux marchés mondiaux et celles encore enfermées dans des logiques politiques internes.
Le paradoxe sénégalais : des normes d’élite, mais des manipulations comptables
Le scandale des comptes publics survenu au Sénégal en 2025, malgré son adhésion à la norme NSDD, remet en cause l’efficacité réelle de ces standards. Le FMI, pourtant garant de la rigueur statistique, n’a pas pu détecter en amont les irrégularités budgétaires. Résultat : gel du programme d’appui financier, crise de confiance, et remise en question de l’indépendance des données produites par les gouvernements.
Cet épisode révèle un point essentiel : la transparence ne dépend pas seulement de la technique, mais surtout de la volonté politique. Une donnée peut être conforme en apparence, tout en masquant des réalités financières inquiétantes. La Grèce en 2009 l’avait démontré, le Sénégal en 2025 le confirme.
Côte d’Ivoire, RCA : entre ambition statistique et fragilités structurelles
Des pays comme la Côte d’Ivoire ou la Centrafrique illustrent les espoirs et les limites du SGDD-a. Si l’adhésion à ce cadre améliore la lisibilité des données économiques et envoie un signal positif aux marchés, elle ne prémunit pas contre les dérives politiques. La centralisation des données en RCA via la Page nationale récapitulative de données (PNRD), soutenue par la Banque africaine de développement et le Japon, constitue une avancée. Mais sa pérennité dépendra de la stabilité politique et de la capacité institutionnelle à maintenir l’effort de transparence.
Quatre leçons pour l’Afrique
Le cas sénégalais et les dynamiques statistiques africaines permettent de dégager quatre enseignements majeurs :
- Les normes ne suffisent pas sans institutions fortes. Les standards du FMI doivent être accompagnés par une justice indépendante, des organes de contrôle efficaces et une presse libre.
- Le FMI reste tributaire des États. Son rôle de « gendarme des statistiques » est affaibli tant qu’il se base uniquement sur les données transmises par les gouvernements, sans vérifications indépendantes plus poussées.
- Accessibilité ne rime pas toujours avec véracité. Rendre une donnée disponible ne garantit pas qu’elle soit exacte. D’où la nécessité d’impliquer davantage la société civile et les instances locales dans les processus de vérification.
- Réformer la gouvernance avant de compter les chiffres. La priorité doit être donnée à l’éthique politique. Sans cette base, les normes, même les plus rigoureuses, deviennent de simples façades.
Vers une transparence endogène
L’intégration statistique des pays africains dans l’économie mondiale est une avancée. Mais elle pose une question cruciale : ces normes doivent-elles servir les investisseurs ou les citoyens ? Pour qu’elles deviennent des outils de développement durable, elles doivent être intériorisées, pas seulement appliquées sous pression extérieure.
La transparence, pour être réelle, ne peut pas être uniquement un objectif de conformité. Elle doit devenir un principe de gouvernance. Et dans ce combat, le rôle des contre-pouvoirs nationaux, des journalistes d’investigation aux parlements, sera tout aussi décisif que celui du FMI.
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