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L'économie nationale continue son élan de croissance au troisième trimestre 2024
L'économie marocaine continue de progresser au troisième trimestre 2024, avec un taux de croissance de 2,8 %, porté principalement par une demande intérieure dynamique et une hausse notable des exportations. Ce rythme de croissance, légèrement supérieur à celui observé au premier semestre, marque une période de consolidation après plusieurs trimestres de défis, notamment dans le secteur agricole. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP), dans son dernier rapport, analyse en détail les performances sectorielles et les perspectives économiques du pays pour la fin de l’année.
Une Croissance Hors Agriculture Encouragée par l’Industrie
Au cœur de cette croissance se trouvent les branches secondaires de l’économie, qui ont enregistré une solide augmentation de 4,4 % au cours du troisième trimestre. Les industries extractives se sont particulièrement distinguées, avec une progression impressionnante de 15,4 %. Ce rebond est attribué à la demande croissante de matières premières, notamment les phosphates, stimulée par la hausse des exportations vers l’Amérique du Nord et l’Afrique, et par la réduction de l'offre chinoise. La production de phosphate brut a bondi de 18,9 % en variation annuelle, contribuant ainsi de manière significative à la dynamique des exportations.
Les industries manufacturières, elles aussi, ont apporté une contribution notable à cette croissance. Grâce à une reprise dans les secteurs du textile et de l’agroalimentaire, ainsi qu’à l’amélioration des performances des industries chimiques (qui ont progressé de 9,7 %), le secteur manufacturier a ajouté 0,2 point à la croissance économique globale. Cette embellie est en partie due à la baisse des coûts des matières premières importées comme le soufre et l’ammoniac, facilitant ainsi l’expansion des capacités de production.
Le Bâtiment et les Travaux Publics en Forte Reprise
Le secteur de la construction a également montré des signes encourageants, avec une croissance de 4,8 % au troisième trimestre, contre 3,6 % au trimestre précédent. Le redressement du secteur du bâtiment et l’augmentation des travaux publics ont été soutenus par des prix stables à la production et une utilisation accrue des matériaux de construction tels que le ciment et l’acier. Les carnets de commandes dans le secteur de la construction se sont également améliorés, avec une hausse de 12 points, signalant un regain de confiance parmi les entrepreneurs.
La Demande Intérieure, Moteur de la Croissance
L’un des piliers de cette performance économique a été la demande intérieure, qui a progressé de 5 % au troisième trimestre. Cette augmentation a été alimentée par une hausse des revenus salariaux et des transferts publics et extérieurs, permettant ainsi à la consommation des ménages de croître de 3,2 %. Cette dynamique a contribué à ajouter 2 points à la croissance globale, soulignant l’importance du marché intérieur dans le maintien de l’élan économique du pays.
En parallèle, les investissements ont connu un rebond significatif, avec une hausse de 9,6 % des dépenses par rapport au deuxième trimestre. Les entreprises, anticipant une demande intérieure robuste, ont intensifié leurs investissements, notamment dans les équipements industriels. Les crédits d’équipement aux entreprises privées ont ainsi augmenté de 8,9 % sur un an, soutenant la reprise de l’investissement.
Des Difficultés dans l’Agriculture et le Secteur Primaire
Cependant, tout n’a pas été rose pour l’économie marocaine au troisième trimestre. Le secteur agricole, un pilier traditionnel de la croissance marocaine, a continué de souffrir. La valeur ajoutée agricole a diminué de 4,1 % en variation annuelle, après une contraction de 4 % au premier semestre. Cette baisse reflète les conditions climatiques difficiles qui ont impacté certaines cultures et productions animales.
Malgré une amélioration des récoltes maraîchères, qui a permis de réduire les prix des légumes et d’augmenter les exportations de produits comme les tomates et les pommes de terre, d’autres segments agricoles ont reculé. En particulier, la filière avicole a été touchée par une chute de 3,3 % de la production de poulets, causée par une réduction de l’offre de poussins et une hausse des exportations.
L’Inflation en Légère Hausse
Sur le front des prix, l'inflation a connu une légère reprise, atteignant 1,2 % au troisième trimestre 2024, après avoir reculé pendant plusieurs trimestres. Cette hausse a été principalement portée par l'augmentation des prix des produits alimentaires, notamment ceux des viandes, dont la production a été affectée par les aléas climatiques. Les prix des produits alimentaires ont crû de 0,7 %, après une baisse de 0,3 % au trimestre précédent, tandis que ceux des produits non-alimentaires ont vu leur progression ralentir à 1,4 %.
L'inflation sous-jacente, qui exclut les éléments volatils comme les produits alimentaires et énergétiques, s’est également légèrement accrue, passant de 2,3 % à 2,4 %. Les prix des services ont quant à eux montré une certaine stabilité, tandis que les prix de l’énergie ont reculé de 4,2 %, en partie en raison d’une baisse des prix des produits pétroliers.
Le Commerce Extérieur Pèse sur la Croissance
Malgré une forte progression des exportations de biens et services (+11,3 %), les importations ont continué de croître, pesant ainsi sur la balance commerciale. Les importations de biens ont augmenté de 12,7 % au troisième trimestre, en particulier pour les biens d’équipement et les produits alimentaires. La facture alimentaire, alourdie par les importations de blé et d’animaux vivants, a continué de grever les comptes extérieurs du pays. La contribution négative des échanges extérieurs à la croissance a ainsi atteint -2,6 points.
Perspectives pour le Quatrième Trimestre 2024
Pour le dernier trimestre de l’année, le HCP prévoit un ralentissement de la croissance à 2,5 %, notamment en raison de la baisse continue des activités agricoles et du retour à une croissance plus modérée dans les secteurs industriels. La demande intérieure devrait cependant rester robuste, soutenue par une hausse du pouvoir d’achat des ménages et des transferts financiers de l'étranger.
L’économie mondiale, quant à elle, connaît des perspectives mitigées. Alors que la croissance aux États-Unis et en Europe se maintient, le ralentissement de la demande mondiale pourrait peser sur les exportations marocaines, notamment dans les secteurs de l’automobile et du textile. Les incertitudes géopolitiques et les aléas climatiques pourraient également influencer négativement la performance économique du pays dans les mois à venir.