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Textile : les exportations marocaines progressent, mais perdent du terrain en Europe
Les exportations marocaines d’habillement vers l’Union européenne ont enregistré une légère hausse au premier semestre 2025, mais cette embellie cache une perte de vitesse sur le marché européen, où la concurrence asiatique s’intensifie. Malgré des résultats positifs, la part du Maroc recule, révélant les limites d’un modèle industriel en quête de compétitivité durable.
Une progression modeste face à une concurrence féroce
Entre janvier et juin 2025, les ventes marocaines de vêtements à destination de l’Union européenne ont atteint 1,36 milliard d’euros, soit une hausse de 2,6 % par rapport à la même période de 2024. Cette croissance, bien qu’encourageante, demeure inférieure à celle enregistrée par la majorité des concurrents asiatiques. Résultat : la part de marché du Maroc recule légèrement, passant de 3,4 % à 3,1 %, un signe d’essoufflement relatif face à la montée en puissance de l’Asie.
L’Asie gagne du terrain
Les producteurs asiatiques consolident leur domination. Le Cambodge enregistre une croissance spectaculaire de 30,4 %, suivi par l’Inde (+15,4 %), le Vietnam (+17,3 %) et le Pakistan (+16,6 %). Ces pays, où les coûts de production restent très faibles, bénéficient d’un avantage compétitif indéniable. Ce déplacement du centre de gravité du marché européen vers l’Asie illustre une transformation structurelle du commerce mondial de l’habillement, au détriment des acteurs intermédiaires comme le Maroc.
Le Maroc, leader africain malgré tout
Le Royaume conserve néanmoins un rôle majeur sur le continent africain. Il reste le premier fournisseur africain de vêtements à l’Union européenne et le 8e au niveau mondial. Avec une progression modeste mais réelle, le Maroc devance la Tunisie, dont les exportations chutent de 3,9 % pour s’établir à 1,13 milliard d’euros, soit 2,5 % du marché.
Un contexte régional difficile
Les pays méditerranéens souffrent d’un contexte mondial peu favorable. Les exportations de la Turquie, troisième fournisseur de l’UE en 2024, ont reculé de 7 %, et celles de la Tunisie sont également en baisse. Le Maroc fait donc figure d’exception relative dans une région en perte de compétitivité.
Mais le contraste avec l’Asie demeure saisissant : près de 76 % des vêtements importés par l’Europe proviennent désormais de ce continent, en hausse de 19 %, contre seulement 16,5 % pour les pays méditerranéens, qui représentaient encore 20 % il y a quelques années.
Miser sur la qualité et la réactivité
Selon Jean-François Limantour, président du Cercle Euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith), ce déséquilibre traduit un basculement du marché européen vers les segments bas et moyen de gamme, où les producteurs asiatiques excellent grâce à leurs faibles coûts de main-d’œuvre et à leur maîtrise des matières premières.
Le Maroc devra donc concentrer ses efforts sur la qualité, la proximité et la réactivité, trois atouts majeurs face à la concurrence asiatique. L’innovation, la durabilité et la montée en gamme apparaissent aujourd’hui comme des leviers essentiels pour préserver la compétitivité et consolider les parts de marché du Royaume dans un environnement mondial en pleine mutation.
