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L'évolution des moyens de paiement : entre résistance du cash et essor du numérique

L'évolution des moyens de paiement : entre résistance du cash et essor du numérique
Mardi 09 Janvier 2024 - 09:00
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Dans l'ère actuelle, où les avancées technologiques redessinent notre quotidien, le paiement électronique tente de se faire une place de choix, bousculant ainsi la prédominance séculaire du cash. Malgré les efforts déployés pour populariser le paiement mobile, une réalité persiste : le cash reste indéniablement le moyen de paiement le plus utilisé, tant par les commerçants que par les clients.

Un récent rapport de Bank Al Maghrib souligne que les attentes envers le paiement mobile ne sont pas comblées, et cette observation trouve écho dans les propos de Karim Zaitouni, PDG du groupe Sispay. Il met en lumière le paradoxe selon lequel, malgré le développement sans précédent des moyens de paiement électronique, le cash règne en maître. En 2023, il représentait 80 % des transactions en volume et 60 % en valeur à l'échelle mondiale, selon les données de l'expert.

La résilience du cash peut s'expliquer par sa simplicité et sa praticité. Il s'échange aisément, sans contraintes ni conditions, passant de main en main de manière intuitive. Accessible à tous, bancarisés ou non, le cash offre une option anonyme, sans laisser de traces indésirables. En outre, la sécurité inhérente aux transactions en espèces, rendant difficile toute falsification, renforce sa prédominance.

Cependant, plusieurs facteurs contribuent à cette résistance. Les exigences strictes du KYC (Know Your Customer) pour l'utilisation de l'argent électronique, la traçabilité psychologiquement dérangeante liée aux transactions électroniques, l'absence d'infrastructures de paiement électronique suffisantes, les coûts associés à ces paiements et les habitudes ancrées des consommateurs constituent des obstacles significatifs.

Karim Zaitouni souligne également les intérêts économiques divergents entre le cash et les paiements électroniques. Alors que l'État bénéficie de la traçabilité du cash, générant ainsi des recettes fiscales, les banques tirent profit de la gestion de l'argent électronique. Les coûts associés aux paiements électroniques, notamment les frais de transaction, peuvent dissuader les commerçants, contrairement au cash, quasi dépourvu de frais.

Il soulève enfin le paradoxe où, dans ce changement, l'État, les banques, et les consommateurs ont des rôles et des intérêts divergents, laissant les commerçants dans une position défavorable.

Malgré la résistance du cash, les moyens de paiement électroniques gagnent du terrain. Le commerce électronique représentait 25 % des ventes au détail mondial en 2023, et les infrastructures de paiement électroniques se multiplient. Certains gouvernements, comme celui de la Chine, adoptent des mesures contraignantes pour promouvoir le paiement électronique, tandis que dans d'autres pays comme la France et les États-Unis, les chiffres montrent une adoption croissante des paiements électroniques.

La question demeure : jusqu'à quel point le numérique rattrapera-t-il le cash, et à quelle vitesse? Les risques liés aux paiements électroniques, tels que les cyberattaques, la fraude, et les frais associés, constituent des défis à relever. Seul l'avenir nous dira si le cash maintiendra sa suprématie face à la montée en puissance inexorable des moyens de paiement électroniques.


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