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Lagzira : la fin d’un rêve pétrolier pour le Maroc

Lagzira : la fin d’un rêve pétrolier pour le Maroc
15:43
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C’est une désillusion discrète mais lourde de sens pour le Maroc. La société britannique Genel Energy, dernier acteur encore impliqué dans l’exploration pétrolière au large de Lagzira, a officiellement tourné les talons. Un retrait passé sous silence dans les hautes sphères, mais qui marque un nouveau coup d’arrêt aux ambitions pétrolières du Royaume sur sa côte atlantique.

Le permis de Lagzira, situé au large de Sidi Ifni, avait été présenté comme l’un des plus prometteurs du pays. Dès 2018, des estimations évoquaient la présence potentielle de 2,5 milliards de barils répartis sur 18 zones d’intérêt. De quoi raviver l’espoir de voir enfin émerger une véritable industrie pétrolière marocaine, longtemps fantasmée mais jamais concrétisée.

Pourtant, après deux ans de travaux exploratoires, Genel Energy a discrètement décidé de se retirer, sans communiquer de résultats techniques précis. La société semble avoir préféré redéployer ses ressources vers d’autres territoires jugés plus porteurs, comme le Somaliland, où elle détient déjà plusieurs blocs en exploration.

Ce retrait souligne un problème de fond : la difficulté du Maroc à fidéliser les grands acteurs du secteur énergétique. Malgré des efforts notables de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et un cadre réglementaire jugé attractif, le pays n’a toujours pas réussi à convertir ses espoirs géologiques en découvertes commerciales significatives. Les projets de Tarfaya, de Safi, et aujourd’hui de Lagzira, se sont tous soldés par des impasses, laissant un goût amer dans la stratégie énergétique nationale.

Avec le départ de Genel Energy, le permis de Lagzira se retrouve à nouveau orphelin. L’ONHYM pourrait relancer un appel à partenaires, mais dans un contexte mondial où les investissements dans l’exploration sont de plus en plus sélectifs, la tâche s’annonce ardue. Le Maroc doit en effet faire face à un double défi : une géologie incertaine et une concurrence régionale de plus en plus féroce.

Ce revers intervient à un moment charnière. Le Royaume cherche à construire un modèle énergétique diversifié, misant fortement sur les énergies renouvelables, l’essor du gaz naturel, et des projets structurants comme le gazoduc Nigeria-Maroc. Une industrie pétrolière locale aurait pu jouer un rôle stratégique dans cette transition, en renforçant la sécurité énergétique du pays.

Mais pour l’instant, le rêve d’un "or noir marocain" s’éloigne encore un peu plus. Le cas de Lagzira en est la dernière illustration : sans découverte majeure, la filière pétrolière marocaine reste à l’état embryonnaire, dépendante des investissements étrangers et vulnérable à la volatilité du secteur.

Reste à savoir si les autorités marocaines persisteront dans leur quête pétrolière ou si elles choisiront de recentrer leurs efforts sur des secteurs énergétiques plus porteurs et plus durables. Une certitude demeure : le Maroc ne pourra pas éternellement compter sur des promesses non tenues pour assurer son avenir énergétique.

 

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