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Prix des médicaments : réforme en marche, confiance en suspens

Hier 11:00
Prix des médicaments : réforme en marche, confiance en suspens
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Face à la pression croissante sur le pouvoir d’achat et les besoins sanitaires grandissants, le gouvernement marocain s’attaque à un chantier aussi sensible qu’attendu : la réforme du prix des médicaments. Mais derrière les annonces officielles et les intentions louables, les professionnels du secteur s’interrogent sur la portée réelle et l’impact de cette réforme annoncée.

Portée par le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, cette réforme se veut ambitieuse. Un projet de décret est actuellement en cours de finalisation, fruit d’un long cycle de consultations réunissant industriels, pharmaciens, assureurs et pouvoirs publics. L’objectif affiché est clair : améliorer l’accès aux soins en allégeant la facture pharmaceutique pour les citoyens, tout en maintenant un équilibre économique pour les acteurs du secteur.

Le texte prévoit plusieurs mesures structurantes : révision accélérée des prix, introduction progressive des changements pour éviter toute perturbation brutale du marché, et renforcement de la production locale de médicaments. Une plateforme logistique nationale est également envisagée pour sécuriser l’approvisionnement des hôpitaux publics et limiter les pertes dues aux péremptions.

Par ailleurs, le Maroc accélère sur le volet vaccinal. Un partenariat stratégique avec Marbio, basée à Benslimane, prévoit la livraison de plus de cinq millions de doses de vaccins essentiels entre 2025 et 2026, pour un budget dépassant un milliard de dirhams. Un comité scientifique s’attèle déjà à la mise à jour du calendrier vaccinal et à la validation des lots produits localement.

Mais le terrain résiste.

Les pharmaciens d’officine, en première ligne de la distribution, expriment une vive inquiétude. Selon le Conseil national des syndicats des pharmaciens (CNSP), la réforme ne porterait que sur 150 références — soit à peine 3 % des médicaments disponibles — et viserait essentiellement des produits déjà peu rentables. Une situation jugée intenable, surtout pour les petites pharmacies rurales ou en difficulté économique.

Mohamed Lahbabi, président du CNSP, tire la sonnette d’alarme : « En fragilisant davantage les médicaments à bas prix, on risque non seulement des pénuries, mais aussi un glissement vers des traitements plus onéreux, impactant directement les patients et les systèmes de prévoyance. »

Les pharmaciens réclament des mesures d’accompagnement concrètes : droit de substitution, vaccination en officine, rémunération des actes pharmaceutiques. Mais ces pistes, bien que recommandées dans une étude du cabinet Southbridge commandée par le ministère, semblent pour l’instant mises de côté.

Entre réforme technique et malaise de terrain, le chantier reste ouvert.
Le gouvernement martèle avoir trouvé un « consensus technique », mais la réalité du secteur exige un consensus économique et social. Car dans un domaine où santé publique et viabilité économique sont étroitement liés, la confiance des professionnels demeure le premier levier d’efficacité. Or, aujourd’hui, elle fait encore défaut.



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