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Sahel : Washington privilégie le commerce aux aides dans sa nouvelle diplomatie

08:03
Sahel : Washington privilégie le commerce aux aides dans sa nouvelle diplomatie
Par: Elkerf Aya
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Au Sahel, les États-Unis affichent une nouvelle orientation : privilégier les opportunités économiques plutôt que les aides classiques. Washington a repris langue avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où des régimes militaires sont installés depuis les coups d’État successifs de 2020 à 2023. Longtemps gelée, une partie de la coopération américaine reprend aujourd’hui sous un prisme commercial, notamment autour des ressources minières stratégiques.

«Du commerce, pas de l’aide» : telle est désormais la ligne officielle de l’administration Trump, qui a fait de la diplomatie économique un levier central de son action en Afrique. En mai dernier à Abidjan, Troy Fitrell, haut responsable du Département d’État pour les affaires africaines, résumait cette inflexion : «C’est véritablement notre politique pour l’Afrique.»

Ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables américains ont multiplié les visites à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Début juillet, Rudolph Atallah, haut cadre de la Maison-Blanche en charge de la lutte antiterroriste, a proposé aux autorités maliennes «la solution américaine» face aux groupes jihadistes. Quelques jours plus tard, William B. Stevens, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique de l’Ouest, évoquait à Bamako à la fois la lutte sécuritaire et la perspective d’investissements privés américains.

Selon Ulf Laessing, directeur du programme Sahel de la Fondation Konrad Adenauer, Washington aurait même proposé l’élimination ciblée des chefs jihadistes en contrepartie d’un accès privilégié aux gisements d’or et de lithium. Une approche qui rappelle d’autres négociations menées par Donald Trump sur les ressources stratégiques, notamment en Ukraine ou dans le cadre du règlement du conflit entre le Rwanda et la RDC.

Cette logique séduit les juntes de l’Alliance des États du Sahel (AES), officiellement attachées à leur souveraineté mais en quête d’investissements. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a salué en juillet une «convergence de vues» avec Washington. Le Mali est l’un des plus grands producteurs d’or et de lithium d’Afrique, le Niger détient d’importantes réserves d’uranium et le Burkina Faso est lui aussi riche en or.

Dans un contexte où la Russie et la Chine renforcent leur influence, certains diplomates américains plaident pour maintenir une présence sur place, y compris via des moyens non conventionnels. D’anciens responsables estiment que Washington pourrait faciliter le déploiement de sociétés militaires privées américaines, à l’image de ce que fait déjà Moscou avec Africa Corps. Rudolph Atallah, en visite à Bamako, a d’ailleurs assuré ne pas voir de problème à la présence russe, rappelant que le Mali restait libre de ses choix.

Entre sécurité, diplomatie et enjeux miniers, le Sahel devient ainsi un nouvel espace de compétition où Washington cherche à réaffirmer son rôle, en s’appuyant moins sur l’aide publique que sur la promesse d’investissements et de partenariats commerciaux.



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