Advertising

Stockage d’énergie : le Maroc trace sa voie vers l’indépendance énergétique verte

Jeudi 05 - 11:00
Stockage d’énergie : le Maroc trace sa voie vers l’indépendance énergétique verte
Zoom

Alors que la transition énergétique s’accélère à l’échelle mondiale, le Maroc s’impose discrètement comme un acteur stratégique dans le domaine du stockage d’énergie. Face à la croissance rapide des énergies renouvelables, le Royaume multiplie les projets pour maîtriser l’intermittence des sources solaire et éolienne grâce aux systèmes de stockage par batteries (BESS).

En 2024, la capacité mondiale des BESS a franchi un cap symbolique en atteignant les 200 GWh, selon le cabinet Rho Motion, avec une projection à 400 GWh d’ici la fin 2025. Ces systèmes, essentiels pour lisser la production d’électricité renouvelable, deviennent un maillon incontournable de la stabilité des réseaux électriques. Le Maroc ne fait pas exception, bien au contraire.

Le 20 mai 2025, l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) a franchi une nouvelle étape avec l’approbation, par la Banque mondiale, du plan de passation de marchés pour le projet pilote « Morocco Energy Storage Testbed Project ». Installé au cœur du complexe solaire Noor à Ouarzazate, ce projet a pour vocation de tester des solutions technologiques innovantes de stockage. L’initiative sera mise en œuvre en deux phases : un appel d’offres de 3,25 millions de dollars pour l’acquisition des équipements, suivi d’un contrat de 200.000 dollars dédié à la conception et l’exploitation de la plateforme.

En parallèle, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a lancé, en avril dernier, un vaste programme de déploiement de batteries LFP (lithium-fer-phosphate) réparties sur dix sites stratégiques. Ces systèmes offriront une capacité totale de 1.600 MWh, avec une disponibilité impressionnante de 98% et une durée de vie estimée à plus de 20 ans. Une exécution rapide est prévue sur 13 à 15 mois, suite à un appel à manifestation d’intérêt adressé aux intégrateurs spécialisés.

Le choix des batteries LFP n’est pas anodin. Cette technologie, désormais dominante dans le stockage stationnaire (87% des installations mondiales en 2024), présente de nombreux avantages : un coût inférieur de 30% par rapport aux batteries NMC, une meilleure stabilité thermique, et l’usage de matières premières plus abondantes comme le fer et le phosphate. Des atouts qui les rendent particulièrement attractives pour les marchés émergents, dont le Maroc.

Le Royaume dispose d’ailleurs de ressources considérables pour intégrer cette chaîne de valeur. Le géant OCP prévoit de produire 30.000 tonnes de matériaux pour batteries LFP d’ici 2027, via sa filiale Mera Batteries qui ambitionne une production nationale de 1 GWh dès 2026. À cela s’ajoutent des investissements industriels majeurs, comme l’usine de Jorf Lasfar (60.000 tonnes de LFP/an), un projet commun d’Al Mada et du groupe chinois CNGR, ou encore les projets portés par LG Chem, Huayou et Gotion High-Tech.

Ces efforts conjugués laissent entrevoir l’émergence d’une véritable filière marocaine du stockage énergétique. Un secteur qui, au-delà de soutenir la transition énergétique, pourrait positionner le Maroc comme un fournisseur clé de solutions durables pour l’Afrique et l’Europe. À l’heure où le monde cherche des alternatives fiables et abordables, le Maroc semble bien parti pour conjuguer indépendance énergétique et leadership technologique.

Ajoutez votre commentaire

300 / Caractères restants 300
Conditions de publication : Ne pas insulter l’auteur, les personnes, les sanctuaires, attaquer les religions ou la divinité, éviter l’incitation raciste et les insultes

Commentaires (0)

Les opinions exprimées dans les commentaires reflètent uniquement celles de leurs auteurs et non celles de Lou.Press

Lire la suite