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Taxis contre VTC : le Maroc maintient la ligne dure face aux applications de transport

Lundi 07 - 09:31
Taxis contre VTC : le Maroc maintient la ligne dure face aux applications de transport
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Le paysage du transport urbain au Maroc est plus que jamais sous tension. Entre les chauffeurs de taxis traditionnels et les conducteurs opérant via des applications mobiles, les frictions sont devenues quasi quotidiennes, cristallisant un affrontement entre ancien modèle et nouvelles pratiques. Mais face à ce désordre croissant, le ministère de l’Intérieur, par la voix d’Abdelouafi Laftit, se veut catégorique : seuls les services disposant d’une autorisation légale sont habilités à opérer sur le marché.

Dans une réponse écrite adressée à la Chambre des représentants, le ministre a tenu à rappeler que les VTC (véhicules de transport avec chauffeur), lorsqu’ils ne sont pas agréés, exercent dans l’illégalité. Il a précisé que les forces de l’ordre continueront d’intervenir en cas d’incident, tout en mettant en garde contre toute tentative d’intervention extérieure lors de ces altercations, qu’il qualifie d’actes répréhensibles et passibles de poursuites.

Cette fermeté affichée n’exclut toutefois pas l’ouverture à une future régulation. Le ministère de l’Intérieur indique qu’un travail de fond est en cours pour encadrer le secteur des plateformes numériques de transport. En collaboration avec d'autres départements, le gouvernement planche sur un projet de réforme visant à fixer un cadre légal clair et équilibré, qui prendrait en compte à la fois la protection des professionnels du secteur et la montée en puissance des nouveaux services de mobilité.

En l’état actuel, la législation marocaine interdit formellement l’usage de véhicules privés pour le transport rémunéré sans licence spécifique. Cette interdiction repose sur le Dahir 1.63.260 et la loi 52.05, qui prévoient des sanctions sévères allant jusqu’à la saisie des véhicules et des poursuites judiciaires. Pourtant, cette rigueur réglementaire semble en décalage avec la réalité du terrain : une demande citoyenne forte pour des solutions de transport plus flexibles, rapides et accessibles.

Les applications de mobilité se sont démocratisées à l’échelle mondiale, offrant un confort et une réactivité que les taxis traditionnels peinent encore à égaler. Au Maroc, faute d’un cadre adapté, les autorités s’appuient sur une politique répressive, avec des contrôles fréquents et des opérations de saisie. Une stratégie à court terme qui ne répond ni aux insuffisances du système existant, ni aux aspirations d’un public urbain de plus en plus connecté.

À défaut d’une refonte ambitieuse, le risque est grand de voir s’aggraver la fracture entre l’offre officielle et les attentes du terrain. De nombreux experts appellent aujourd’hui à une approche plus constructive, inspirée d’exemples internationaux, où régulation et innovation coexistent au service de l’intérêt général.

Pour l’heure, le statu quo l’emporte. Mais à mesure que les tensions s’exacerbent, le besoin d’une réforme globale du transport urbain devient incontournable. Entre conservatisme réglementaire et avancées technologiques, le Maroc est face à un tournant décisif : réprimer ou réinventer.



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