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Tchad: l’ex-Premier ministre Succès Masra placé en détention provisoire
L’opposant tchadien Succès Masra, ancien Premier ministre et figure de proue du parti les Transformateurs, a été placé en détention provisoire mercredi 22 mai, quelques jours après son arrestation survenue le 16 mai. Ce rebondissement judiciaire relance les crispations politiques dans un pays encore marqué par des violences récurrentes et des clivages communautaires profonds.
Selon ses avocats, Me Oumdade Yagoua et Me Ngolé Mannro, l’ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2024 a été déféré devant un juge d’instruction, après avoir été maintenu plusieurs jours en garde à vue. La justice tchadienne l’accuse de lourdes charges : incitation à la haine et à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures.
Les autorités judiciaires estiment que M. Masra serait le « principal instigateur » d’un massacre survenu le 14 mai à Mandakao, dans la région du Logone-Occidental, où 42 personnes — majoritairement des femmes et des enfants — ont été tuées. Au total, 82 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire.
Les avocats de l’opposant dénoncent ce qu’ils qualifient de « cabale politico-judiciaire » orchestrée par le pouvoir en place. Lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti à N’Djamena, ils ont évoqué une tentative d’élimination politique d’un adversaire influent, populaire dans le sud du pays. Une vidéo de surveillance diffusée par les Transformateurs au lendemain de l’arrestation montre Masra encadré par une dizaine d’hommes armés quittant son domicile, renforçant les accusations d’« enlèvement ».
Le dossier judiciaire s’appuie notamment sur un message audio en langue ngambaye, attribué à Masra, dans lequel il encourageait, selon la justice, à l’usage des armes. Cette déclaration daterait de mai 2023 et aurait été à l’origine d’un mandat d’arrêt international finalement levé en novembre 2023. À cette époque, un accord de réconciliation signé à Kinshasa en février 2024 avait permis le retour de l’opposant au pays, dans un climat apaisé après des mois d’exil.
Succès Masra, économiste de formation et originaire du sud chrétien du Tchad, bénéficie d’un fort ancrage dans cette région régulièrement secouée par des conflits intercommunautaires. Ces tensions, souvent liées à la rareté des ressources entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires, ont fait plus de 1.000 morts depuis 2021 selon l’International Crisis Group. La question du déséquilibre régional et de la sous-représentation du sud dans les sphères de pouvoir reste au cœur des frustrations d’une partie de la population.
Alors que le Tchad s’apprête à franchir une nouvelle étape dans sa transition politique, cette affaire relance les débats sur l’état de droit, l’équité judiciaire et la possibilité d’une réelle réconciliation nationale. Le sort judiciaire de Succès Masra pourrait bien peser sur la stabilité fragile du pays.
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