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Tunisie : fin des CDD et de la sous-traitance
Une réforme controversée au cœur du débat social et économique tunisien
Le Parlement tunisien a franchi un cap décisif ce mercredi en adoptant une réforme majeure du Code du travail, interdisant les contrats à durée déterminée (CDD) et les contrats de sous-traitance. Cette mesure, défendue ardemment par le président Kais Saied, ambitionne de lutter contre la précarité de l’emploi et de renforcer les droits fondamentaux des travailleurs. Mais si l’initiative séduit certains syndicats et défenseurs des droits sociaux, elle suscite également des inquiétudes dans les milieux économiques.
Approuvée à une large majorité — 121 voix sur 151 — sans opposition formelle, cette législation impose désormais la conversion des CDD en contrats à durée indéterminée (CDI), avec une période d’essai de six mois renouvelable une seule fois. Toute entreprise enfreignant cette disposition s’expose à des amendes allant jusqu’à 10.000 dinars (environ 3.000 euros), voire à des sanctions pénales pouvant atteindre six mois de prison.
Une réforme aux conséquences multiples
Le président du Parlement, Brahim Bouderbala, a salué ce texte comme une avancée garantissant "la dignité humaine et le droit de tout citoyen à un emploi stable et décent". En pratique, cela signifie que les milliers de travailleurs actuellement employés par des sociétés de sous-traitance — dans des secteurs tels que le nettoyage, le gardiennage ou l’entretien des espaces verts — devront désormais être recrutés en CDI par ces mêmes entreprises.
Cependant, la réforme prévoit quelques exceptions. Les CDD restent autorisés pour les emplois saisonniers et les remplacements, sans que les secteurs concernés soient précisément définis pour l’instant.
Entre progrès social et crainte d’un ralentissement économique
Si cette initiative est perçue comme un progrès sur le plan social, ses implications économiques divisent. Le secteur des services, qui représente près de 50% des emplois en Tunisie, fait un usage intensif des CDD. De leur côté, les industries manufacturières — notamment dans l’automobile, l’aéronautique et le textile — s’appuient largement sur la sous-traitance, souvent pour des marchés internationaux.
L’économiste Aram Belhadj alerte sur les risques de cette réforme : « Cela ne réglera pas le problème du chômage ni ne relancera l’économie. Les entreprises pourraient abuser de la période d’essai, puis licencier à son terme, ce qui renforcerait la précarité plutôt que de la réduire. »
Un contexte économique toujours fragile
Malgré un léger rebond post-Covid, l’économie tunisienne reste en difficulté. Le taux de chômage avoisine les 16%, frôlant les 40% chez les jeunes. L’inflation reste élevée, et la croissance reste poussive, avec seulement 1,4% enregistrée l’année dernière. La Banque mondiale a récemment abaissé ses prévisions pour 2025 à 1,9%.
Dans ce contexte, la réforme du travail marque un tournant politique et social fort, mais son impact sur le terrain dépendra étroitement de sa mise en œuvre et de la capacité des entreprises à s’y adapter. Entre ambition présidentielle et réalités économiques, la Tunisie s’engage dans un pari audacieux.
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