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L'Algérie accepte de gracier l'écrivain Boualem Sansal
Après près d’un an de détention, Boualem Sansal, 76 ans, va enfin recouvrer la liberté. L’écrivain franco-algérien, condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », bénéficiera d’une grâce présidentielle accordée par les autorités algériennes à la demande du président allemand Frank-Walter Steinmeier. Gravement malade, l’auteur sera transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux adaptés à son état de santé.
Dans un communiqué diffusé mercredi, la présidence algérienne a confirmé que le président Abdelmadjid Tebboune avait « répondu favorablement » à la demande de son homologue allemand. Cette décision, précise le texte, a été prise « pour des raisons humanitaires, tenant compte de l’âge et de la fragilité de l’état de santé » de l’écrivain. Boualem Sansal souffre d’un cancer de la prostate et était détenu depuis novembre 2024 dans une prison d’Alger.
L’auteur de Le Village de l’Allemand avait été arrêté par les services antiterroristes algériens alors qu’il se rendait au Salon du livre d’Alger. Son emprisonnement, intervenu dans un climat de tensions diplomatiques entre Paris et Alger, avait suscité une vague d’indignation dans les milieux littéraires et intellectuels internationaux. Plusieurs académies, écrivains et institutions culturelles avaient appelé à sa libération, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression.
En juillet dernier, Boualem Sansal avait vu sa condamnation confirmée en appel. Il avait été reconnu coupable de propos jugés attentatoires à « l’unité nationale », après avoir déclaré dans un entretien à un média français d’extrême droite que « l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires historiquement marocains ». Des propos qui avaient provoqué la colère des autorités d’Alger et renforcé son isolement politique.
Malgré la gravité de sa maladie, il ne figurait pas parmi les milliers de prisonniers graciés lors des célébrations de la fête de l’indépendance en juillet 2025. Ce n’est qu’à la suite d’une intervention diplomatique allemande, appuyée par plusieurs voix européennes, que sa libération a été envisagée. Selon des sources proches du dossier, Boualem Sansal devrait quitter Alger dans les prochains jours pour être admis dans un hôpital de Berlin.
Écrivain reconnu et voix critique du régime algérien, Boualem Sansal a souvent dénoncé le poids de l’idéologie et du pouvoir militaire dans son pays. Lauréat de nombreux prix littéraires, dont le Grand Prix du roman de l’Académie française, il a récemment été élu membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Sa libération marque sans doute un tournant symbolique dans les relations entre l’Algérie et l’Europe. Pour beaucoup d’observateurs, elle traduit la volonté d’Alger d’apaiser un dossier sensible qui cristallisait les critiques internationales. Mais elle reste aussi, selon les défenseurs des droits humains, le rappel d’une vérité persistante : celle de la fragilité de la liberté d’expression dans le pays.
