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Sahara : le parti de Jacob Zuma brise le consensus sud-africain et soutient le plan d’autonomie marocain
Une rupture inédite dans la position sud-africaine sur le Sahara est venue bouleverser les équilibres diplomatiques en Afrique. Le parti uMkhonto we Sizwe (MK), dirigé par l’ancien président Jacob Zuma, vient d’apporter son soutien officiel au plan d’autonomie proposé par le Maroc, marquant une fracture majeure avec la position historiquement favorable au Polisario défendue par Pretoria depuis deux décennies.
Le 9 juin 2025, le MK a publié un document de 17 pages qui redéfinit son approche diplomatique à l’égard du conflit du Sahara. Dans ce texte intitulé "A Strategic Partnership for African Unity, Economic Emancipation and Territorial Integrity: Morocco", le parti revendique une volonté affirmée de voir l’Afrique du Sud s’engager dans une coopération stratégique avec le Maroc. Le parti de Zuma présente le plan marocain d’autonomie comme la seule option viable, réaliste et conforme aux principes panafricains de paix, d’unité et de développement durable.
Une lecture panafricaine du conflit
Dans son argumentaire, le MK insiste sur la nécessité de relire le conflit à la lumière de l’histoire précoloniale et des dynamiques postcoloniales africaines. Selon le document, « le Sahara a historiquement fait partie intégrante du Maroc avant l’occupation espagnole à la fin du XIXe siècle ». À cet égard, la Marche verte de 1975 est qualifiée de « processus légitime de décolonisation », et non d’acte d’annexion.
La proposition d’autonomie marocaine est, selon le parti, un mécanisme permettant d'assurer une gouvernance locale tout en respectant l’intégrité territoriale du Royaume. Elle est perçue comme un moyen de mettre fin aux tensions et d’éviter une régionalisation de l’instabilité.
Une rupture avec la ligne officielle de Pretoria
Depuis 2004, l'Afrique du Sud a soutenu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), une position héritée du combat anti-apartheid et d’un alignement sur les causes indépendantistes. Le soutien de MK, désormais troisième force politique en Afrique du Sud, vient donc briser un consensus de fait. Ce geste politique est d’autant plus significatif qu’il s’inscrit dans un climat de repositionnement stratégique global sur le continent.
Le document évoque aussi la nécessité pour l’Afrique de rompre avec les divisions héritées de la guerre froide et de s’opposer aux ingérences étrangères qui exploitent les failles du continent. « Une alliance solide entre l’Afrique du Sud et le Maroc peut servir de rempart aux forces qui cherchent à diviser l’Afrique pour mieux l’affaiblir », peut-on lire.
Vers un axe Rabat-Pretoria ?
Le MK propose une feuille de route ambitieuse articulée autour de cinq axes majeurs : coordination diplomatique, coopération économique, sécurité régionale, échanges intellectuels et rapprochement culturel. L’accent est mis sur les potentialités communes dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’éducation et des infrastructures — autant de secteurs clés pour les deux économies industrielles les plus dynamiques du continent.
Ce réalignement s’inscrit dans une dynamique plus large. En octobre 2024, un premier signal avait été envoyé avec la visite à Rabat du vice-président du Comité des relations internationales de l’ANC. Parallèlement, des pays influents comme le Ghana, le Kenya, et plus récemment le Royaume-Uni, ont publiquement appuyé le plan marocain, renforçant son positionnement sur la scène internationale.
Silence du gouvernement sud-africain… pour l’instant
L’ANC, parti au pouvoir et longtemps considéré comme l’un des soutiens les plus fermes du Polisario, n’a pas encore réagi à cette prise de position inattendue de son ancien allié historique. Mais dans un contexte de recomposition politique post-électorale, cette nouvelle ligne défendue par le MK pourrait redessiner les contours de la politique étrangère sud-africaine.
Ce basculement symbolise un réveil stratégique africain, où les intérêts communs, le développement régional et la stabilité l’emportent progressivement sur les clivages idéologiques du passé. Une évolution qui pourrait faire école ailleurs sur le continent.
L’initiative du MK constitue bien plus qu’un simple revirement politique : elle traduit un changement de paradigme. En Afrique, le conflit du Sahara n’est plus uniquement lu à travers le prisme de l’idéologie, mais désormais à l’aune des enjeux de souveraineté, de stabilité et de développement. Un message fort envoyé à toute l’Afrique… et au-delà.
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