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Banques centrales et climat : un virage nécessaire
Une récente étude du Policy Center for the New South, signée Christian de Boissieu et intitulée « Le verdissement des politiques monétaires », invite les banques centrales à adapter leurs pratiques afin d’intégrer les enjeux climatiques, sans toutefois déroger à leur double mission traditionnelle : garantir la stabilité des prix et prévenir les risques financiers.
Ce document, paru en juillet 2025, propose une analyse rigoureuse des politiques monétaires actuelles à l’aune de la transition énergétique, offrant des pistes concrètes pour concilier impératifs environnementaux et contraintes institutionnelles.
Un contexte international complexe
Le paysage global de la gouvernance climatique monétaire connaît des turbulences. Le retrait de la Réserve fédérale américaine du Réseau pour le verdissement du système financier (NGFS) en mai 2025 marque un recul symbolique. Cette décision, perçue par certains experts comme motivée politiquement, soulève des interrogations sur l’indépendance réelle de la Fed face à l’exécutif.
Par ailleurs, les tensions budgétaires accrues, notamment liées à la hausse des dépenses militaires en Europe, restreignent les marges de manœuvre financières dédiées à la transition écologique. Dans ce contexte, les grands forums internationaux comme le G7 ou le G20 restent prudents, tandis que les critères environnementaux et sociaux font face à des reculs réglementaires dans plusieurs grandes économies.
Un rôle clair mais limité pour les banques centrales
Christian de Boissieu rappelle que les banques centrales ne sauraient remplacer les gouvernements dans la définition des politiques climatiques. Faute de légitimité démocratique et d’outils adéquats, leur action directe reste limitée. Cependant, ignorer les conséquences du changement climatique sur la stabilité financière et la valeur des actifs serait irresponsable.
L’étude souligne ainsi le principe de double matérialité : il faut simultanément évaluer l’impact du climat sur les bilans financiers et celui des politiques monétaires sur l’environnement.
Trois leviers pour un verdissement progressif
L’étude identifie trois outils majeurs à la disposition des banques centrales pour favoriser la transition énergétique :
- Les conditions de refinancement : Certaines banques centrales, notamment en Hongrie, au Japon et en Chine, appliquent déjà des taux préférentiels pour les crédits durables. En revanche, la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas encore mis en place de « taux vert », en raison notamment d’un manque d’harmonisation des critères (taxonomie).
- Les achats d’actifs : La montée en puissance des obligations vertes dans les portefeuilles d’actifs des banques centrales, notamment à la BCE, permet de soutenir indirectement les entreprises engagées dans la transition. La part de ces obligations dans le portefeuille de la BCE a augmenté de 13 % en 2022 à 20 % en 2023, avec un objectif de 25 % pour 2025.
- La gestion des collatéraux : La sélection des garanties acceptées lors des opérations de refinancement peut intégrer des critères climatiques, en excluant ou en décotant les actifs non durables. La BCE a amorcé cette démarche, mais l’étude recommande d’aller plus loin.
Pas de création monétaire illimitée
L’auteur insiste fermement sur le fait que les banques centrales ne doivent pas financer directement la transition par la création monétaire. Un tel contournement des contraintes budgétaires risquerait de déstabiliser les anticipations d’inflation et de raviver des tensions inflationnistes.
Il rappelle aussi la distinction essentielle entre banques centrales, dotées d’une monnaie de base mais soumises à la prudence, et banques commerciales, créatrices de monnaie par le crédit et contraintes par le marché.
Vers une harmonisation des référentiels durables
L’étude souligne la multiplication des taxonomies sur la durabilité – près de 47 recensées début 2024 – et insiste sur la nécessité de convergence pour éviter la confusion et les pratiques de verdissement de façade. La Banque africaine de développement est saluée pour ses efforts d’harmonisation des référentiels en Afrique.
L’utilisation croissante des notations extra-financières est également encouragée pour mieux évaluer les émetteurs d’actifs.
Un appel à la coopération et à la vigilance
Malgré le retrait américain du NGFS, Christian de Boissieu invite à ne pas céder à l’immobilisme. Une coordination renforcée entre les banques centrales restantes est possible et nécessaire pour gérer activement les bilans en intégrant des critères climatiques stricts.
Ainsi, le verdissement des politiques monétaires ne remet pas en cause leur mandat fondamental, mais impose une adaptation pragmatique et vigilante face à un défi climatique qui impacte désormais le cœur même des systèmes financiers mondiaux.
Cet appel à un ajustement responsable des banques centrales offre un cadre réaliste, où politique monétaire et transition écologique peuvent avancer de concert, en respectant leurs limites respectives et en favorisant la stabilité globale.
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