Abdellah Taïa en finale du prix goncourt des lycéens 2024

Le Marocain Abdellah Taïa figure parmi les cinq finalistes du prestigieux Prix Goncourt des Lycéens 2024, un prix littéraire influent qui met en lumière des auteurs contemporains à travers les yeux des jeunes lecteurs. Le prix sera décerné ce jeudi à Rennes, où il est traditionnellement remis depuis sa création en 1988.

Cette année, les élèves des lycées, qui constituent le jury de ce prix, devront départager des romans aux thématiques variées : du noir de Sandrine Collette aux scènes de sexe provocatrices de Rebecca Lighieri, en passant par le récit historique de Thibault de Montaigu et l’engagement social de Taïa.

Abdellah Taïa, une plume de révolte

Le roman d’Abdellah Taïa, Le Bastion des larmes, a captivé tant les critiques que le public, remportant récemment le prix Décembre. L’auteur marocain, ouvertement gay et musulman, y aborde des thèmes poignants tels que la discrimination envers les homosexuels et les violences faites aux enfants dans son pays natal. À travers ses personnages féminins, notamment inspirés de ses huit sœurs, Taïa célèbre l’esprit de révolte et la quête de liberté. Ces valeurs de résistance et d’émancipation résonnent particulièrement chez les jeunes lecteurs du Goncourt des lycéens, qui ont souvent montré une forte sensibilité pour des récits percutants et engagés.

Un jury composé de lycéens

Le Prix Goncourt des lycéens se distingue des autres prix littéraires par sa démarche participative : ce sont environ 2.000 lycéens, issus de plusieurs établissements de France, qui décident du lauréat. Chaque année, ce prix attire l’attention des médias et du public, car il sert de tremplin à des auteurs prometteurs et assure un énorme coup de pouce en termes de visibilité et de ventes. Le lauréat peut ainsi voir son tirage multiplié par plusieurs milliers d’exemplaires.

Les autres finalistes

Parmi les autres finalistes, on trouve Sandrine Collette avec Madelaine avant l’Aube, une œuvre poignante où une fillette sauvage interroge l’ordre établi dans une chronique paysanne sombre. Rebecca Lighieri, sous le pseudonyme d’Emmanuelle Bayamack-Tam, a fait sensation avec Le Club des enfants perdus, un roman controversé en raison de ses scènes de sexe explicites. Certains l’ont vu comme une œuvre percutante et bouleversante, tandis que d’autres l’ont qualifiée de « pornographique » et inappropriée pour un public adolescent.

Thibault de Montaigu, qui s’est vu récompenser par le prix Interallié pour Cœur, propose un récit autobiographique qui évoque son ascendance familiale, mêlant histoire personnelle et mémoire collective. Enfin, Olivier Norek, ancien policier devenu écrivain, a délaissé les thrillers pour un roman historique, Les Guerriers de l’hiver, qui plonge dans la guerre d’hiver entre la Finlande et l’Union soviétique.

Un prix prescripteur

Le Goncourt des lycéens est l’un des prix littéraires les plus influents en France, notamment en termes de ventes. Chaque année, les romans primés connaissent un succès commercial phénoménal. En 2023, Triste tigre de Neige Sinno avait remporté la distinction, un récit intime et puissant sur l’inceste, également couronné par le prix Femina. Les romans des finalistes de cette édition 2024 bénéficient déjà d’une visibilité accrue, et les lecteurs lycéens s’apprêtent à jouer un rôle clé dans la carrière de l’un de ces auteurs.

En plus de sa dimension littéraire, ce prix vise à encourager le goût de la lecture chez les jeunes générations. Il permet aux lycéens de découvrir la littérature contemporaine, tout en leur offrant une occasion unique de participer à une initiative culturelle majeure.

Le Prix Goncourt des lycéens est bien plus qu’un simple concours littéraire : c’est un outil de démocratisation de la culture, un levier pour sensibiliser les jeunes aux grandes problématiques sociétales tout en favorisant la lecture. Ce jeudi, les lycéens désigneront un lauréat parmi ces voix puissantes et engagées, dont Abdellah Taïa, qui, avec son écriture incisive, incarne les valeurs de révolte et de liberté chères à la jeunesse d’aujourd’hui.