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Accord de libre-échange Maroc-États-Unis : Un bilan mitigé et des défis à relever

Vendredi 13 - 09:00
Accord de libre-échange Maroc-États-Unis : Un bilan mitigé et des défis à relever

Malgré un quadruplement des échanges commerciaux entre le Maroc et les États-Unis depuis la signature de l’accord de libre-échange (ALE) en 2004, les retombées économiques de cet accord n’ont pas été à la hauteur des attentes. Une analyse récente du Washington Institute for Near East Policy (WINEP) révèle que l’accord a surtout servi des intérêts politiques et stratégiques, reléguant son potentiel économique au second plan.

L’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis, signé en 2004, a incontestablement dynamisé les échanges commerciaux entre les deux nations. Le commerce bilatéral a quadruplé au cours des deux dernières décennies, passant de 1,3 milliard de dollars en 2006 à 5,5 milliards de dollars en 2023. Cependant, malgré cette croissance, l’accord n’a pas atteint les résultats économiques escomptés.

L’analyse du WINEP souligne que cette croissance s’est accompagnée d’un accroissement du déficit commercial du Maroc avec les États-Unis, passant de moins d’un milliard de dollars à environ 1,8 milliard de dollars sur la même période. Ce déséquilibre persistant suggère que le plein potentiel économique de l’accord n’a pas été pleinement exploité.

Le PIB réel du Maroc a certes plus que doublé, passant de 63 milliards de dollars en 2005 à 131 milliards de dollars en 2022. Toutefois, cette croissance semble davantage liée à des facteurs tels que les bonnes conditions météorologiques favorisant l’agriculture et le développement du Maroc en tant que hub de « nearshoring » pour la fabrication, plutôt qu’à l’accord commercial lui-même.

Les exportations traditionnelles du Maroc vers les États-Unis, comme les textiles, ont connu une croissance modeste sous l’ALE, représentant 12 % des exportations marocaines vers les États-Unis en 2021, contre 8 % en 2008. En revanche, les exportations d’engrais ont bondi, passant de 7 % à 23 % des exportations vers les États-Unis.

L’analyse souligne que, bien que l’accord ait permis de renforcer les relations politiques et stratégiques, notamment en récompensant les efforts du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme, il n’a pas pleinement contribué au développement économique du pays. Compte tenu des secteurs stratégiques que le Maroc a choisi de développer, l’accord pourrait ne jamais atteindre son plein potentiel économique, note ainsi le WINEP.

Pourtant, le rapport suggère que les États-Unis pourraient exploiter cet accord pour stimuler la croissance du Maroc en soutenant des industries créatrices d’emplois, en identifiant des investissements favorisant les réformes environnementales et sociales, et en développant la formation en langue anglaise au Maroc. Néanmoins, avec une intervention étatique encore marquée dans certaines industries marocaines et un système éducatif qui ne produit pas suffisamment de main-d’œuvre hautement qualifiée, pousser le pays vers davantage de réformes de libéralisation à travers le cadre de l’ALE reste un défi à relever.

Enfin, bien que l’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis ait renforcé les relations politiques et stratégiques entre les deux pays, il n’a pas pleinement atteint ses objectifs économiques. Pour maximiser les bénéfices économiques de cet accord, des réformes structurelles et une meilleure coordination entre les deux pays seront nécessaires.


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