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Affaire García Ortiz : Le procureur général espagnol face à un procès historique

Lundi 09 Juin 2025 - 14:15
Affaire García Ortiz : Le procureur général espagnol face à un procès historique
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La tension monte en Espagne alors que le procureur général Álvaro García Ortiz se rapproche d'un procès historique. Accusé d'avoir divulgué des informations confidentielles concernant une affaire judiciaire sensible, ce scandale judiciaire pourrait avoir des répercussions profondes sur le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez. Un juge du Tribunal suprême a estimé que les preuves réunies lors de l’enquête menaient à une implication de García Ortiz dans la fuite d’informations, et a donné dix jours à la défense pour répondre avant un éventuel renvoi devant un tribunal.

Le 13 janvier, le procureur général a été mis en examen par le juge Ángel Luis Hurtado, une procédure qui n’a pas de précédent dans l’histoire judiciaire espagnole. Ce dernier a souligné qu’un "faisceau d'indices" suffisants laissait envisager la participation de García Ortiz à la divulgation d'un projet d'accord de plaider-coupable entre le parquet et Alberto González Amador, un homme d'affaires lié à Isabel Díaz Ayuso, figure de proue de l’opposition de droite. Cette fuite, qui a été largement médiatisée, a mis en lumière une affaire complexe impliquant des accusations de fraude fiscale durant la pandémie.

González Amador, dont l’entreprise a vu ses revenus exploser entre 2020 et 2021, conteste les faits de fraude fiscale qui lui sont reprochés. Toutefois, la publication prématurée de cet accord a alimenté les accusations selon lesquelles l’entourage du gouvernement aurait orchestré cette fuite pour nuire à l'image de la présidente de la communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso. Cette dernière a dénoncé une persécution "sauvage" et a accusé le gouvernement de manipuler l’information à des fins politiques.

Dans son ordonnance, le juge Hurtado a reproché à García Ortiz d’avoir donné une publicité qu’il n’aurait pas dû à cette affaire, en rendant public un courriel confidentiel, dans le cadre de ce qui semble être des "instructions reçues" des services du Premier ministre. Ce geste aurait affaibli le parquet et pourrait nuire aux droits de la défense, a précisé le juge. Une autre accusation pèse sur le procureur général : avoir effacé des messages de son téléphone afin de dissimuler ses échanges avec des interlocuteurs.

Le ministre de la Justice, Félix Bolaños, a réaffirmé sa confiance en García Ortiz et a nié catégoriquement toute implication du gouvernement dans cette fuite. "Cela n’est jamais arrivé", a-t-il insisté, regrettant que le Tribunal suprême puisse faire de telles affirmations sans preuve concrète. De son côté, le parquet général a défendu l’intégrité du procureur, affirmant qu’il continuerait à "défendre l’action" du ministère public.

Cependant, cette affaire a des répercussions au-delà du seul cadre judiciaire. Elle fragilise davantage le gouvernement de Pedro Sánchez, déjà confronté à des accusations de corruption. Le Parti populaire, qui a manifesté à Madrid contre le Premier ministre, considère que ces événements marquent un tournant majeur dans l’histoire politique et judiciaire du pays. Le scandale des fuites judiciaires vient s'ajouter aux enquêtes ouvertes ces derniers mois concernant plusieurs membres proches du gouvernement, dont l'épouse de Pedro Sánchez et son frère, impliqués dans des affaires distinctes de trafic d’influence.

Le chef du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, n’a pas manqué de réclamer la démission immédiate de García Ortiz, soulignant que "ces faits sans précédent" ternissent l’image de l’Espagne sur la scène internationale et menacent la stabilité politique du pays.

L’affaire García Ortiz ne semble pas se limiter à un simple dossier judiciaire. Elle est devenue un point de tension majeure, entre les enjeux politiques et l’intégrité du système judiciaire. L’évolution de cette affaire pourrait redéfinir l’avenir politique de l’Espagne, et surtout, la crédibilité de ses institutions les plus hautes.

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