-
17:31
-
17:02
-
16:44
-
16:30
-
16:06
-
15:45
-
15:31
-
15:13
-
15:04
-
14:44
-
14:31
-
14:04
-
13:40
-
13:31
-
13:03
-
12:44
-
12:30
-
12:05
-
11:41
-
11:31
-
11:08
-
10:44
-
10:31
-
10:01
-
09:44
-
09:30
-
09:09
-
09:02
-
08:51
-
08:41
-
08:31
-
08:00
-
07:41
-
20:10
-
19:20
-
18:30
-
18:00
Connexion ferroviaire Espagne–Maroc : la faisabilité technique désormais confirmée
Le projet de tunnel ferroviaire reliant l’Espagne au Maroc franchit une étape décisive. Longtemps entourée d’incertitudes, sa faisabilité technique vient d’être confirmée par une étude approfondie, ouvrant la voie à une nouvelle phase d’analyses et de travaux préparatoires. Cette infrastructure ambitieuse vise à relier, pour la première fois par voie ferrée, l’Europe et l’Afrique sous le détroit de Gibraltar.
Selon les conclusions d’une étude menée par l’entreprise allemande Herrenknecht, référence mondiale dans la construction de tunnels, la réalisation d’une liaison fixe entre les deux rives est techniquement possible avec les technologies actuelles. Après près d’un an de travaux exploratoires et d’analyses géologiques, les ingénieurs estiment que les contraintes liées à la profondeur, à la nature des sols et aux conditions marines peuvent être surmontées.
Présentant ces résultats lors d’une conférence de presse de la Société espagnole d’études sur les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa), le responsable du département d’ingénierie, Iago Barreiro, a souligné que les tunneliers envisagés sont capables de percer sous le détroit. Il a rappelé que les progrès technologiques réalisés au cours des quinze dernières années permettent aujourd’hui d’envisager des ouvrages qui semblaient hors de portée auparavant.
Un tunnel exploratoire comme étape clé
La prochaine phase consistera à forer un tunnel exploratoire, considéré comme indispensable pour confirmer définitivement la viabilité du projet final. D’une longueur estimée à environ 14 kilomètres, ce tunnel de reconnaissance suivrait un tracé proche de celui des futurs tubes ferroviaires. Outre sa fonction scientifique et technique, il pourrait être utilisé à court terme pour des besoins en télécommunications ou en transport d’énergie.
La construction de ce tunnel exploratoire est évaluée entre six et huit ans, pour un coût avoisinant 1,2 milliard d’euros. Cette phase n’offrirait toutefois pas une garantie absolue quant à la réalisation du tunnel définitif, les résultats devant encore être validés par des études complémentaires.
À ce stade, le coût global du projet, pour la partie espagnole, est estimé à environ 8,7 milliards d’euros. Ce montant inclut le tunnel exploratoire, les tunnels permanents, les terminaux ferroviaires, les équipements techniques et les frais liés aux expropriations. Les responsables précisent que ces chiffres restent provisoires et seront affinés au fil des études, tout en soulignant qu’ils sont inférieurs aux premières estimations établies en 2007.
Une fois la viabilité confirmée, Secegsa prévoit de confier à l’entreprise publique Ineco la mise à jour de l’avant-projet détaillé de l’infrastructure, avec un calendrier qui s’étend jusqu’à l’été 2026.
Un enjeu géostratégique majeur
Au-delà de ses retombées économiques, le tunnel ferroviaire Espagne–Maroc revêt une dimension géostratégique affirmée. Pour José Luis Goberna Caride, PDG de Secegsa, il s’agit d’un projet bilatéral et stratégique, inscrit dans une longue tradition de coopération scientifique, diplomatique et militaire entre les deux pays.
Selon lui, l’implication de l’Union européenne sera déterminante pour la suite du projet. L’intérêt manifesté par plusieurs États européens, dont la France, renforce la perspective d’un financement communautaire, jugé indispensable pour lancer les travaux à grande échelle.
Les études techniques devraient se poursuivre jusqu’en 2026. Une décision politique conjointe entre Madrid et Rabat est ensuite attendue pour engager, ou non, la construction du tunnel exploratoire. Si toutes les étapes sont validées, la réalisation complète du tunnel ferroviaire pourrait s’étaler entre 2030 et 2040, ouvrant une nouvelle ère de connexions entre l’Europe et l’Afrique.