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Gaming au Maroc : un moteur insoupçonné de la nouvelle économie

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Gaming au Maroc : un moteur insoupçonné de la nouvelle économie
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À la veille du Morocco Gaming Expo, prévu du 2 au 6 juillet à Rabat, le secteur du jeu vidéo s’impose comme un sujet stratégique au Maroc. Longtemps perçu comme un cauchemar pour les parents et une perte de temps pour les enseignants, le gaming change de statut. Porté par une jeunesse connectée, un engouement croissant pour les compétitions e-sportives, l’émergence de talents créatifs et surtout par une dynamique de formation innovante dès le plus jeune âge, le Royaume commence à jouer sérieusement sa carte dans cette industrie mondiale en pleine expansion.

Un marché en pleine expansion, encore peu exploité

Avec près de 8 millions d’utilisateurs actifs en 2024 selon Statista, le gaming s’impose comme une activité majeure au Maroc. Les plateformes comme PUBG Mobile, League of Legends, FIFA ou encore Call of Duty dominent un paysage où la consommation est massive… mais la production encore marginale.

Cette situation évolue toutefois rapidement. Le marché marocain des jeux vidéo connait un taux de pénétration des utilisateurs en augmentation, passant de 19,5% en 2024 à 21,2% d’ici 2027 selon les estimations. Les communautés de gamers marocains, très actives sur Twitch, Discord, TikTok ou YouTube, participent à la visibilité croissante du secteur. Les streamers fédèrent des milliers de fans, et la monté en puissance du secteur a engendré la création d’initiatives nationales qui contribuent à la structuration de ce marché, comme la eBotola MDJS, ou encore le Moroccan Gaming Expo, dont la deuxième édition est prévue du 2 au 6 juillet 2025 à Rabat. L’événement est d’ailleurs considéré comme le principal rendez-vous du secteur en Afrique du Nord.

Une stratégie publique ambitieuse et structurante

Le Maroc franchit un cap. Le gouvernement, avec à sa tête Mohamed Mehdi Bensaïd, vise une industrie du gaming de premier plan. Selon Nissrine Souissi, chargée du développement de l'industrie du gaming au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, le marché marocain du jeu vidéo est estimé à 2,24 milliards de dirhams. Plusieurs initiatives structurantes sont en cours, notamment, la création d’une zone industrielle dédiée à Rabat « Rabat Gaming City », pilotée par l’État et financée à hauteur de 360 millions de dirhams, avec 5 ha et 3 tours d’infrastructures pour studios, R&D et formation.

Cette aventure s’inscrit dans une stratégie nationale construite sur cinq piliers : infrastructures, formation, incubation, promotion et gouvernance. L’ambition est de favoriser la création de 5 000 à 6 000 emplois directs d’ici 2030 et d’exporter cette expérience à d’autres régions

La formation : clé de voûte de l’écosystème

Selon Mounaim Rahal, Directeur Exécutif de Smart Stooners Academy, l’initiation dès l’âge de 12 ans à la programmation, au design graphique et au développement de jeux vidéo constitue un véritable tremplin pour bâtir une industrie locale compétitive. "Cette formation précoce permet de constituer un vivier de jeunes talents qualifiés, stimulés par la créativité et préparés à intégrer les standards internationaux."

L’intérêt pour ces parcours est en forte croissance, porté par l’attractivité des métiers numériques, l’influence des plateformes de streaming et l’accessibilité croissante de formations spécialisées. Smart Stooners, en partenariat avec Algorithmics, propose ainsi des cursus allant du développement Unity au design graphique, pour accompagner cette dynamique.

Du côté des compétences, les plus demandées combinent maîtrise technique (Unity, C#, Python, IA, modélisation 3D) et soft skills (gestion de projet, travail en équipe). "Nous préparons les jeunes à être compétitifs grâce à des programmes alignés sur les standards mondiaux, des projets concrets, et une introduction précoce aux outils modernes comme l’IA générative", précise Mounaim Rahal.

Il ajoute : "Le Maroc a tous les atouts pour former ses propres game designers et développeurs, capables de rivaliser à l’international, à condition de maintenir cette dynamique éducative et entrepreneuriale."

Créativité, IA et culture : les catalyseurs d'une filière exportable

Entre consommation et développement, le gaming peut être un véritable vecteur de soft power. En intégrant dans les jeux des éléments du patrimoine marocain – paysages, architecture, folklore – les créateurs peuvent faire rayonner l'identité nationale à l'international.

Les nouvelles technologies jouent également un rôle clé. L'intelligence artificielle générative ouvre de nouvelles perspectives créatives, tout en réinterrogeant les compétences et les métiers traditionnels du secteur. Il est crucial d'adapter l'offre de formation à ces transformations pour ne pas freiner l'essor du secteur.

Un cap à consolider

Le Maroc est en train de passer d’une consommation massive à une filière structurée, capable de générer emplois, innovation et influence culturelle. Le défi est désormais d’assurer la pérennité de cette dynamique : transformer l’engouement en industrie, et le potentiel en retombées concrètes. Le gaming n’est plus un loisir marginal. C’est un marché, un levier de croissance et un langage universel que le Maroc apprend à parler avec ambition.

 

Aya Elkerf

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