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Le Maroc renforce sa régulation face aux risques climatiques et géoéconomiques

Le Maroc renforce sa régulation face aux risques climatiques et géoéconomiques
Mardi 26 Novembre 2024 - 14:41
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Le Maroc, conscient des impacts croissants du changement climatique sur son secteur financier, intensifie ses efforts pour intégrer cette dimension dans ses régulations. Lors de la 4ème édition du Symposium Régional de Haut Niveau sur la Stabilité Financière, le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a mis en avant les initiatives prises par les autorités marocaines pour répondre à ces nouveaux défis.

Une régulation renforcée pour faire face aux risques climatiques

La question du changement climatique est désormais au cœur des préoccupations des régulateurs financiers marocains. Lors de l’ouverture du symposium à Rabat, Abdellatif Jouahri a souligné l’importance de prendre des mesures face à la montée des risques climatiques qui affectent directement l’économie nationale. Le Wali de BAM a rappelé que les manifestations du changement climatique sont déjà bien visibles au Maroc, entre sécheresses persistantes, stress hydrique et inondations récurrentes.

Pour répondre à ces enjeux, Bank Al-Maghrib a mis en place des directives dès 2021, incitant les banques marocaines à intégrer le risque climatique dans leurs stratégies de gestion des risques, leurs processus décisionnels, et leur gouvernance. Ces recommandations s'inscrivent dans une dynamique mondiale visant à concilier stabilité financière et transition écologique. À cet égard, un partenariat avec la Banque mondiale a permis de réaliser une étude pionnière sur les risques climatiques dans le secteur bancaire, publiée en avril 2024.

Les autres régulateurs renforcent leur rôle

Outre la Banque centrale, plusieurs autres régulateurs marocains ont également pris des mesures pour mieux intégrer les critères environnementaux et sociaux dans leurs secteurs respectifs. L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) a, par exemple, instauré des obligations de publication de rapports environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour les entreprises cotées. De plus, l’AMMC a mis en place des guides concernant les instruments de financement durable, afin de favoriser l’investissement responsable au Maroc.

De son côté, l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a publié des instructions visant à aider les entreprises d'assurances à gérer les risques climatiques et environnementaux dans leurs portefeuilles. Ces démarches visent à préparer le secteur financier marocain à la transition vers une économie verte, tout en renforçant sa résilience face aux chocs climatiques.

Contexte géoéconomique incertain

Le Wali de BAM a également souligné que les risques climatiques s’ajoutent à d’autres incertitudes géoéconomiques et géopolitiques qui pèsent sur la stabilité financière mondiale. La montée du protectionnisme, les tensions inflationnistes, et les nouvelles dynamiques liées à la digitalisation et à l’intelligence artificielle redéfinissent les équilibres économiques mondiaux. Cette situation rend les prises de décisions publiques et privées particulièrement complexes et incertaines.

Dans ce contexte, le financement des objectifs de lutte contre le changement climatique représente un défi majeur. M. Jouahri a insisté sur l'importance de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les projets d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. Les régulateurs financiers marocains, tout en restant vigilants aux évolutions internationales, cherchent à garantir une approche cohérente et pragmatique pour faire face à ces nouveaux risques.

Cryptoactifs et monnaies digitales : Un encadrement nécessaire

Abdellatif Jouahri a aussi évoqué les enjeux liés aux cryptoactifs et aux monnaies digitales, qui représentent des innovations importantes dans le paysage financier mondial. Selon lui, les autorités marocaines ont opté pour une régulation prudente et équilibrée afin de protéger les usagers tout en permettant l’émergence de nouvelles opportunités économiques. Un projet de loi encadrant les cryptoactifs est en cours d’adoption, avec l'objectif de protéger les investisseurs tout en favorisant l'innovation.

Concernant les monnaies digitales de banques centrales (CBDC), BAM explore les possibilités offertes par ces nouvelles formes de monnaie pour améliorer l'inclusion financière au Maroc, un objectif clé pour l’économie nationale.

 Renforcer la coopération pour une stabilité durable

La 4ème édition du Symposium Régional de Haut Niveau sur la Stabilité Financière, sous le thème « Stabilité financière en Afrique à l’épreuve des incertitudes géoéconomiques et des risques émergents », a permis de faire le point sur ces enjeux cruciaux. L'événement a réuni des experts et des régulateurs financiers d’Afrique et d’ailleurs pour échanger des expériences et renforcer la coopération dans les domaines de la stabilité financière et de la supervision macroprudentielle. Les discussions ont mis en lumière l’urgence de renforcer les mécanismes de régulation face aux risques émergents, et d’adopter des politiques inclusives et résilientes pour faire face aux défis du XXIe siècle.

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