Le tourisme Marocain en 2024 : Une reprise dynamique mais Inégale

2024 s'annonce comme une année marquante pour le tourisme au Maroc, qui connaît une reprise impressionnante après des années difficiles. Le secteur, longtemps affecté par des crises économiques et naturelles, semble avoir retrouvé son dynamisme, porté par une croissance notable des arrivées de touristes. Zouhir Bouhoute, expert en tourisme, analyse cette relance dans une étude , en mettant en avant des chiffres qui témoignent de l'efficacité des actions menées pour stimuler le secteur.

Des chiffres encourageants

Septembre 2024 a été un mois record pour le Maroc, avec l’arrivée de 1.281.101 touristes, soit une hausse de 33 % par rapport à la même période l’année précédente, marquée par le terrible tremblement de terre dans la région d’Al Haouz. Cette dynamique positive se traduit également par une progression continue depuis le début de l’année : entre janvier et septembre 2024, le Maroc a accueilli plus de 13 millions de touristes, soit une augmentation de 18 % par rapport à 2023.

Les marchés européens, notamment le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne, ont contribué à cette forte croissance, avec des hausses impressionnantes des arrivées : +81 % en provenance du Royaume-Uni, +89 % d’Italie et +40 % d’Allemagne.

Les facteurs clés de la reprise

Zouhir Bouhoute attribue cette reprise à plusieurs facteurs clés. L’amélioration des connexions aériennes et maritimes, notamment avec l’ouverture de nouvelles lignes directes, a facilité l’accès au pays depuis des marchés européens et internationaux cruciaux. L’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) a également intensifié ses campagnes promotionnelles, comme la célèbre "Maroc Terre de Lumière", qui a renforcé la visibilité du pays à l’échelle mondiale.

Les événements internationaux ont joué un rôle prépondérant dans cette reprise. La participation du Maroc à l’Exposition Universelle de Dubaï en 2021-2022, combinée à l'impact médiatique de la performance des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du Monde de football au Qatar en 2022, ont renforcé l’image du Maroc comme une destination de choix pour les voyageurs du monde entier.

Des disparités régionales marquées

Malgré cette reprise globale, la croissance n’est pas homogène. Marrakech se distingue en enregistrant une augmentation de 71 % des arrivées en septembre 2024 par rapport à 2023, avec une progression annuelle cumulative de 32 %. Agadir, également en forte hausse (+46 % en septembre), bénéficie de l’attrait croissant des marchés européens.

En revanche, certaines régions peinent à retrouver leur niveau d’avant la crise. Dans la région d’Al Haouz, affectée par le séisme de 2023, les arrivées ont augmenté de 16 %, un signe de redressement, bien que les chiffres demeurent en deçà des niveaux d’avant la catastrophe. D’autres destinations comme Fès (-5 %), Tanger (+4 %) et Rabat (+4 %) continuent de faire face à des défis pour attirer un flux touristique soutenu.

Le cas particulier d’Ouarzazate

Ouarzazate, qui avait longtemps été une destination prisée des voyageurs, connaît une situation particulièrement difficile. En effet, les arrivées ont chuté de 20 % et les nuitées de 11 % entre janvier et août 2024. Cette chute est attribuée à des problèmes structurels tels qu’une gouvernance locale insuffisante, une connectivité aérienne limitée et des difficultés d’accès terrestres, notamment via le col de Tichka. De plus, les unités hôtelières de la région, confrontées à des dettes importantes, ont été contraintes de fermer leurs portes, aggravant la crise dans la région.

Des résultats financiers encourageants

Le secteur touristique marocain semble également bénéficier d’une solidité accrue en matière de recettes. Les recettes touristiques en devises ont atteint 87,08 milliards de dirhams à la fin du mois de septembre 2024, en hausse de 8,4 % par rapport à l'année précédente. Cette augmentation traduit la réussite des stratégies de relance, bien que des disparités dans les retombées économiques persistent entre les différentes régions.

Perspectives et défis à venir

Zouhir Bouhoute souligne que bien que des résultats encourageants aient été obtenus, le tourisme marocain fait face à des défis persistants. Si certaines villes comme Marrakech et Agadir profitent pleinement de la reprise, d’autres destinations peinent à s’imposer sur le marché international. Le pays devra mettre en place des stratégies spécifiques pour aider les régions en difficulté à se redresser et à développer un tourisme plus équilibré.

Le Maroc devra également continuer à diversifier son offre touristique, au-delà des destinations classiques, en mettant en avant des sites moins connus et en offrant une expérience enrichie aux voyageurs. Cela nécessitera des efforts soutenus pour améliorer la gouvernance, renforcer les infrastructures et assurer une répartition équitable des bénéfices du tourisme à travers le pays.

Enfin, bien que 2024 semble marquer un tournant pour le secteur touristique marocain, il reste encore du travail à accomplir pour garantir une croissance durable et équilibrée. Le défi sera de maintenir cette dynamique tout en surmontant les disparités régionales et en adaptant les stratégies de relance aux besoins spécifiques de chaque territoire.