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Tétouan, carrefour des cultures : entre héritage andalou et créativité contemporaine
Tétouan, la "Colombe blanche" à la croisée des cultures
Tétouan, petite perle du Nord du Maroc, porte fièrement le surnom de la "Colombe blanche", un clin d'œil à son architecture éclatante et son atmosphère paisible. Elle a récemment été inscrite dans les annales mondiales de l’UNESCO en 2017 en tant que ville créative pour son excellence dans les arts populaires et l’artisanat. Mais cette distinction ne s'arrête pas là. En 2026, Tétouan s'apprête à recevoir un autre honneur en devenant la capitale méditerranéenne de la culture et du dialogue, aux côtés de Matera en Italie. Alors, qu'est-ce qui fait de cette ville, souvent éclipsée par la renommée de Tanger, un véritable joyau du patrimoine mondial?
Tétouan : Une histoire en deux temps
Tétouan, aujourd’hui forte de 400 000 habitants, se trouve à la croisée de plusieurs civilisations, une position géographique qui remonte à ses origines antiques. L'ancienne ville de Tamuda, fondée par les Romains, a été un lieu stratégique grâce à la proximité des cours d’eau, permettant ainsi aux Romains d'étendre leur influence dans la région. Cependant, ce n’est pas tant la romanité de Tétouan qui a marqué son identité, mais bien son héritage andalou. C’est au XVe siècle, avec la Reconquista, que Tétouan devient une terre d’accueil pour les musulmans et juifs expulsés d’Espagne.
De l'Andalousie à Tétouan
En 1492, l'Espagne met fin à la présence musulmane sur la péninsule ibérique, un événement traumatisant pour les populations andalouses. Tétouan devient alors l’une des premières destinations de ceux qui fuient l’inquisition. Ces émigrants, principalement d'origine grenadine, apportent avec eux leur culture, leur art, mais aussi leur savoir-faire. C’est sous le règne de la dynastie des Mérinides que la ville connaît un essor. Dans ce contexte historique complexe, Tétouan se distingue comme un centre culturel et économique florissant, grâce à ses liens maritimes avec l’Europe et le reste du Maghreb.
Tétouan, fondée par Al-Mandari
Pour mieux comprendre l’évolution de la ville, il convient de revenir à la figure centrale d’Abu Hassan Ali Al-Mandari, le fondateur de Tétouan tel que nous la connaissons aujourd'hui. Ancien maire de la ville de Pinar en Espagne, il fuit l'avancée des armées catholiques dans le royaume de Grenade en 1480 et se réfugie dans la ville de Chefchaouen. C’est là qu’il décide de fonder une nouvelle cité sur les ruines de l'ancienne Tétouan. Al-Mandari, aidé de ses compatriotes andalous, met en place une urbanisation à l'image des villes d'Al-Andalus : une médina où se mêlent influences espagnoles et marocaines, propice à la fois à la sécurité et à l'épanouissement culturel.
Un patrimoine unique à préserver
Aujourd’hui, la médina de Tétouan, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1997, témoigne de cette riche histoire. Son architecture mauresque, ses souks vivants et son artisanat de renommée mondiale, notamment en tannerie, en poterie et en broderie, en font un véritable centre culturel. En parallèle de ses distinctions mondiales, Tétouan continue de rayonner sur la scène internationale, non seulement comme une ville créative, mais aussi comme un symbole de dialogue entre les cultures méditerranéennes et arabes.
Tétouan, par son histoire, son patrimoine et ses traditions, reste un modèle vivant de la convergence des civilisations. Il ne fait aucun doute que cette "Colombe blanche" saura maintenir son envol et séduire les générations à venir.
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