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Afghanistan : comprendre les causes des séismes récurrents

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Afghanistan : comprendre les causes des séismes récurrents

L’Afghanistan, pays enclavé au cœur de l’Asie, est régulièrement frappé par des tremblements de terre destructeurs. À chaque nouvelle secousse, la même question revient : pourquoi ce territoire est-il si exposé ? Pour y répondre, il faut regarder sous la surface, dans les profondeurs de la terre, là où se rencontrent des forces géologiques colossales.

L’Afghanistan se situe au croisement de plusieurs plaques tectoniques majeures, notamment la plaque indienne, la plaque eurasienne et, dans une moindre mesure, la micro-plaque iranienne. Depuis plus de 50 millions d’années, la plaque indienne remonte vers le nord et entre en collision avec la plaque eurasienne. Cette immense pression est à l’origine de la formation de l’Himalaya et du plateau du Pamir. Mais elle engendre également un réseau de failles actives qui traversent le nord et l’est du pays.

Ce sont ces failles, en particulier celles situées dans les régions de Badakhchan, Kunduz, Nangarhar ou Paktika, qui libèrent régulièrement de grandes quantités d’énergie sous forme de séismes. Contrairement à certains pays où les zones sismiques sont bien cartographiées, celles de l’Afghanistan sont nombreuses, complexes et difficiles à surveiller en raison du relief accidenté et de la faible présence d’infrastructures scientifiques.

Mais si la géologie explique la fréquence des tremblements de terre, ce sont les conditions humaines qui en accentuent la gravité. Une grande partie de la population afghane vit dans des maisons en briques de terre ou en pierre, montées sans renforcement et particulièrement vulnérables aux secousses. Dans les villages isolés, une simple vibration peut entraîner l’effondrement d’habitations entières, piégeant des familles sous les décombres. Les secours, quant à eux, affrontent souvent des routes impraticables, un manque de matériel et des conditions climatiques extrêmes.

À cela s’ajoute un facteur déterminant : l’instabilité politique et économique du pays. Les décennies de guerre et de crises successives ont empêché la mise en place de normes de construction parasismique, de systèmes d’alerte rapide ou de programmes d’éducation aux risques naturels. Alors que d’autres pays sismiques, comme le Japon ou la Turquie, ont investi dans la résilience structurelle, l’Afghanistan demeure extrêmement vulnérable.

Pour les experts, la priorité est aujourd’hui double : d’une part, renforcer la construction d’infrastructures plus résistantes et former des artisans locaux à des méthodes abordables mais robustes ; d’autre part, développer des stratégies de prévention communautaire, comme l’évacuation rapide, la reconnaissance des zones dangereuses et la sensibilisation des familles.

Mais ces efforts nécessitent des moyens. Et dans un pays où l’urgence humanitaire est permanente, la prévention sismique reste souvent reléguée au second plan.

Tant que se poursuivra la lente mais inexorable collision des plaques tectoniques, l’Afghanistan restera exposé aux secousses. L’enjeu, désormais, est de faire en sorte que ces tremblements de terre ne riment plus systématiquement avec drames humains.



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