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Boualem Sansal couronné par le prix Cino del Duca malgré son emprisonnement

08:23

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L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, actuellement emprisonné en Algérie, a été distingué mercredi 21 mai par le prestigieux prix mondial Cino del Duca, une récompense littéraire française qui salue l’engagement humaniste d’un auteur au rayonnement international. Cette distinction, dotée de 200 000 euros par la Fondation Simone et Cino Del Duca, vient récompenser l’ensemble de l’œuvre d’un écrivain dont la voix continue de porter au-delà des frontières et des murs de la censure.

Le jury a salué « la force d’un écrivain qui, par-delà les frontières et les censures, continue de faire entendre une parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire », dans un communiqué sobre mais éloquent. Boualem Sansal, 80 ans, rejoint ainsi un panthéon d’écrivains marquants tels qu’Andreï Sakharov, Léopold Sédar Senghor, Jorge Luis Borges ou encore Milan Kundera. En 2019, un autre écrivain algérien, Kamel Daoud, avait reçu ce même prix.

Le prix Cino del Duca, créé en 1969, couronne la carrière d’un auteur, français ou étranger, dont l’œuvre, littéraire ou scientifique, transmet un message d’humanisme moderne. En récompensant Sansal, le jury souligne la portée universelle de son combat pour la liberté d’expression et la dignité humaine.

Cette reconnaissance intervient alors que l’écrivain est incarcéré depuis novembre 2024 à Alger. Il a été condamné le 27 mars dernier à cinq ans de prison, notamment pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». En cause, des propos tenus en octobre dans un média français classé à l’extrême droite, dans lesquels il affirmait que certains territoires aujourd’hui algériens avaient historiquement appartenu au Maroc, héritage selon lui de la colonisation française.

Son procès en appel est prévu le 24 juin. Atteint d’un cancer, Boualem Sansal devient également l’objet d’une tension diplomatique entre la France et l’Algérie. Paris a appelé à un « geste d’humanité », tandis qu’Alger soutient que la justice a simplement appliqué la loi.

Cette affaire s’inscrit dans un climat diplomatique particulièrement tendu entre les deux pays. Depuis l’été 2024, les relations entre Paris et Alger traversent une crise sans précédent, marquée par la suspension des coopérations bilatérales et une vague d’expulsions réciproques de diplomates.

La distinction décernée à Sansal prend ainsi une dimension hautement symbolique. Au-delà de l’hommage littéraire, elle réaffirme la nécessité de défendre les libertés fondamentales dans un contexte où l’expression artistique et politique est de plus en plus mise à l’épreuve. Pour ses lecteurs comme pour ses pairs, Boualem Sansal demeure une figure de résistance intellectuelle, dont la plume, même derrière les barreaux, continue de porter haut la parole des consciences libres.

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