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Georges Abdallah libéré après 40 ans de détention en France
Le militant libanais propalestinien, condamné en 1987 pour complicité d’assassinats, a quitté la prison de Lannemezan dans la nuit de jeudi à vendredi. Il a pris un vol pour Beyrouth où il est attendu avec les honneurs.
Après quatre décennies derrière les barreaux, Georges Abdallah est libre. L’ancien militant libanais, figure de la cause propalestinienne et considéré comme l’un des plus anciens détenus politiques d’Europe, a quitté le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 juillet. Sa libération, ordonnée par la cour d’appel de Paris sous condition de quitter définitivement le territoire français, met fin à l’une des plus longues incarcérations de la Ve République.
Départ discret vers Beyrouth
Peu après 3h30 du matin, un convoi de six véhicules, dont deux vans noirs et la voiture du préfet, a quitté la prison sous escorte, selon des journalistes de l’AFP présents sur place. Georges Abdallah, 74 ans, se trouvait à bord, ont confirmé des sources proches du dossier. Il a ensuite embarqué dans un avion à Tarbes en direction de Roissy, où un vol à destination de Beyrouth était prévu vers 9h.
Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, qui l’a accompagné jusqu’aux derniers instants de sa détention, a salué « une victoire politique et humaine », rappelant que son client était théoriquement libérable depuis 1999. « Il aurait dû sortir il y a tellement longtemps », a-t-il déclaré.
Derniers instants en détention
Avant son départ, Georges Abdallah a vidé sa cellule, décorée notamment d’un drapeau de Che Guevara et remplie de livres et de journaux. Il a légué la plupart de ses affaires à ses codétenus, ne conservant qu’« une petite valise ». Près de 200 militants de son comité de soutien s’étaient rassemblés jeudi devant la prison pour lui témoigner leur solidarité.
Le militant doit désormais rejoindre son village natal de Kobayat, au nord du Liban, où un « accueil officiel et populaire » est prévu, selon sa famille. Ses proches espéraient également qu’il serait reçu au salon d’honneur de l’aéroport de Beyrouth.
Une figure de la lutte armée des années 1980
Ancien instituteur, Georges Abdallah avait été condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans l’assassinat à Paris, en 1982, du diplomate américain Charles Ray et du responsable israélien Yacov Barsimantov, considéré comme membre du Mossad. Les faits avaient été revendiqués par les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupe marxiste auquel il appartenait.
Bien que reconnu pour son rôle dans ces attentats, il a toujours nié toute implication directe. Il n’a jamais exprimé de regret, considérant ces actes comme de la « résistance » face à « l’oppression israélienne et américaine ». Ce positionnement a contribué à l’intransigeance des autorités françaises et américaines face à ses demandes de libération.
Un « symbole passé », selon la justice
Dans sa décision du 17 juillet, la cour d’appel de Paris a estimé que Georges Abdallah ne représentait plus une menace pour l’ordre public. Les magistrats ont reconnu une détention devenue « disproportionnée », et souligné que les FARL n’ont plus commis d’actes violents depuis 1984. S’il reste fidèle à ses convictions politiques, Georges Abdallah aurait exprimé son souhait de « finir ses jours » dans son village et pourrait s’investir localement.
Le parquet général, tout comme les autorités américaines, s’était opposé à cette libération et a déposé un pourvoi en cassation. Celui-ci n’étant pas suspensif, il n’a pas pu empêcher le départ de l’ancien prisonnier.
Un dossier toujours sensible
L’affaire Abdallah reste emblématique d’une époque marquée par les violences politiques internationales. Arrêté en 1984, condamné dans un climat de tensions nourri par une vague d’attentats en France en 1985-1986, Georges Abdallah avait longtemps été considéré comme l’un des symboles de la lutte armée d’extrême gauche.
La libération de cet homme devenu figure militante, voire martyre, pour certains courants propalestiniens, pourrait raviver des tensions diplomatiques, notamment avec Washington, toujours très attentif à ce dossier.