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GNL : le Maroc accélère sa stratégie énergétique à Nador West Med
Le Maroc franchit une étape majeure dans son ambition énergétique avec le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Nador West Med. Ce projet d’envergure comprend une infrastructure complète de regazéification, une centrale électrique et des connexions gazières, destinées à accompagner la forte croissance de la demande nationale en gaz naturel et à renforcer la sécurité énergétique du pays.
Dans une récente analyse, le média spécialisé Energy Intelligence souligne la volonté marocaine de consolider son approvisionnement en gaz naturel. Porté par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, ce projet vise à répondre à la hausse continue de la consommation tout en garantissant une meilleure autonomie énergétique. La stratégie prévoit l’installation d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU), la construction d’une centrale électrique à gaz d’une capacité de 1 200 mégawatts, ainsi que la mise en place de deux pipelines reliant le terminal au réseau gazier national. Ce dispositif s’impose comme un pilier central du futur système gazier marocain.
Le port de Nador West Med, en cours de construction et prévu pour être opérationnel fin 2026, accueillera l’ensemble des infrastructures. Le terminal GNL sera conçu pour une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an à l’horizon 2030. Un pipeline de 130 kilomètres reliera Nador au gazoduc Maghreb-Europe (GME), tandis qu’un second, long de 220 kilomètres, conduira le gaz jusqu’à Mohammedia, sur la côte atlantique, pour alimenter un pôle industriel stratégique. Une seconde phase pourrait intervenir après 2030, avec notamment une nouvelle FSRU prévue à Dakhla.
Ce projet s’inscrit dans une feuille de route plus large pilotée par l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE), qui ambitionne de faire passer la capacité des centrales à gaz de 834 mégawatts actuellement à 4 300 mégawatts d’ici 2030. La consommation industrielle, estimée aujourd’hui à environ 1 milliard de m³ par an, pourrait tripler à moyen terme, portant la demande nationale à 10 milliards de mètres cubes dans les cinq à six prochaines années. Après la fin des livraisons algériennes en 2021, le Maroc s’est rapidement adapté en important du GNL via l’Espagne, puis en sécurisant en 2023 un contrat d’approvisionnement de 12 ans avec Shell.
Le projet bénéficie également de l’appui de la Société Financière Internationale (IFC), bras financier de la Banque mondiale, mandatée pour structurer et conseiller sur le développement du terminal et des interconnexions gazières. L’appel à manifestation d’intérêt porte sur trois composantes : la FSRU, la centrale électrique et les pipelines. Des acteurs internationaux comme Shell ou Engie sont attendus pour soumettre leur candidature, à l’image des démarches précédentes.
Toutefois, un point reste à clarifier : le cadre juridique autour de l’aval gazier. Le Maroc doit définir précisément le modèle contractuel (BOT, BOOT…) et le rôle d’un futur acheteur-revendeur (offtaker) qui assurera la distribution du gaz. Des contrats de type GSA (Gas Sales Agreements) seront nécessaires pour sécuriser les volumes entre l’ONEE et les consommateurs finaux.
Malgré ces ajustements encore à formaliser, le cap est clair : le Maroc affirme sa volonté de bâtir un système gazier robuste, flexible et compétitif, capable de soutenir sa transition énergétique, sa croissance industrielle et son indépendance stratégique à moyen et long terme.
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