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L’Algérie gracie 6 500 détenus, mais maintient Boualem Sansal en prison

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L’Algérie gracie 6 500 détenus, mais maintient Boualem Sansal en prison
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À l’occasion du 5 Juillet, date marquant l’indépendance de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune a gracié quelque 6 500 détenus. Deux décrets ont été signés à cet effet : l’un portant sur des mesures d’amnistie générales, l’autre en faveur des détenus ayant obtenu des diplômes en 2024-2025. Mais un nom, attendu et symbolique, est resté absent de la liste : celui de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

Condamné le 1er juillet à cinq ans de prison ferme pour « atteinte à l’intégrité nationale », l’auteur de Le Serment des barbares est devenu, bien malgré lui, un point de crispation dans les relations entre Paris et Alger. En France, sa condamnation a suscité une onde de choc, autant dans les milieux intellectuels que diplomatiques. Nombreux étaient ceux qui espéraient une issue plus clémente, à l’occasion de la fête nationale algérienne. Il n’en fut rien.

Dans un communiqué publié sur Facebook, la présidence algérienne a précisé que les personnes condamnées pour « atteinte à l’autorité de l’État, à l’unité du territoire national, trahison ou complot » étaient exclues de toute mesure de grâce. Des chefs d’accusation qui visent directement Boualem Sansal, poursuivi notamment pour avoir évoqué dans un média français l’idée que certains territoires algériens relevaient historiquement du Maroc.

Ces propos, perçus comme une remise en cause de la souveraineté nationale, ont suffi à déclencher une procédure judiciaire contre lui. Pourtant, certains observateurs estiment que l’affaire dépasse le simple cadre juridique, et que Sansal est utilisé comme levier de pression dans une diplomatie bilatérale toujours marquée par la méfiance.

En France, l’affaire a poussé plusieurs figures critiques à suspendre leurs prises de parole, dans l’espoir de ne pas compromettre une éventuelle libération par la voie diplomatique. Mais la confirmation de la peine a refroidi ces élans de prudence, faisant renaître les inquiétudes quant à l’instrumentalisation politique de la justice algérienne.

Le dernier espoir des soutiens de l’écrivain repose désormais sur une hypothétique grâce à l’occasion du 14 Juillet, fête nationale française. D’ici là, un pourvoi en cassation peut encore être introduit jusqu’à mercredi prochain. Une ultime cartouche juridique, avant que la condamnation ne devienne définitive.

Dans l’ombre de cette affaire, un autre ressortissant français reste détenu en Algérie : le journaliste sportif Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications à visée propagandiste ». Une double détention qui accentue les tensions entre les deux capitales, et pose, une fois encore, la question de la liberté d’expression au Maghreb.

Le cas Boualem Sansal, entre considérations juridiques et enjeux diplomatiques, est désormais suivi de près des deux côtés de la Méditerranée.

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