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La datte Majhoul : Une révolution agricole dans les terres fertiles de Misrata

La datte Majhoul : Une révolution agricole dans les terres fertiles de Misrata
Lundi 16 Décembre 2024 - 10:05 Journalistes: ELMIR Barae
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Dans la région côtière de Misrata, en Libye, Ismaïl Ben Saoud a relevé un défi audacieux en cultivant une variété de dattes jamais produite localement : la majhoul. Ce fruit, originaire des zones arides marocaines, est réputé pour son goût sucré, sa texture fondante et sa taille généreuse, mais peu croyaient qu'il pourrait s’épanouir dans un climat méditerranéen humide. Aujourd’hui, le pari semble réussi, avec une production prometteuse qui alimente déjà le marché local et vise l’exportation.

En 2016, Ben Saoud a commencé à planter 700 palmiers sur une exploitation de cinq hectares près de Misrata. Quatre ans plus tard, les premiers fruits ont été récoltés. « Au départ, beaucoup doutaient de la viabilité de ce projet, mais à force d’essais et d’ajustements, nous avons démontré que le majhoul peut prospérer ici », explique-t-il fièrement. Utilisant exclusivement des fertilisants biologiques, le cultivateur s’efforce d’améliorer chaque année la qualité et le rendement de ses dattes.

Les dattes majhoul, surnommées "les reines des dattes", sont un produit premium sur le marché. Elles se vendent autour de 80 dinars le kilo (environ 15,7 euros), un prix nettement supérieur aux variétés locales qui oscillent entre 6 et 20 dinars. Dans l’exploitation de Ben Saoud, les régimes de dattes sont soigneusement protégés par des filets pour éviter les attaques d’oiseaux et d’insectes. Une fois cueillies, les fruits sont triés, pesés un par un, et conditionnés dans des boîtes pour leur commercialisation.

La datte occupe une place centrale dans la culture libyenne. Fruit sacré mentionné dans le Coran, elle est omniprésente lors des célébrations religieuses et familiales, notamment pour la rupture du jeûne pendant le Ramadan. À Misrata, les marchés regorgent de dattes issues des oasis du sud libyen, comme Waddan, ainsi que de produits dérivés comme la mélasse ou la pâte de dattes, utilisée pour confectionner les makrouds, pâtisseries populaires dans tout le Maghreb.

L’agriculture en Libye connaît un regain d’intérêt ces dernières années, malgré les défis politiques et économiques auxquels le pays est confronté depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Salah Shagan, expert agricole, note une tendance croissante parmi les Libyens, même citadins, à investir dans les cultures d’oliviers, de palmiers-dattiers et de légumes, qui génèrent des revenus supplémentaires.

En 2023, la Libye a exporté plus de 50.000 tonnes de dattes, confirmant son potentiel agricole. Cependant, Ben Saoud insiste sur la nécessité de répondre d’abord à la demande locale. « La prochaine étape sera l’exportation, mais nous devons garantir un approvisionnement suffisant pour les consommateurs libyens, très attachés à ce produit », souligne-t-il.

Ce projet agricole, bien que modeste, s’inscrit dans une dynamique plus large de diversification de l’économie libyenne, encore largement dépendante des hydrocarbures. Avec ses dattes majhoul, Ismaïl Ben Saoud démontre qu’il est possible de miser sur une agriculture innovante et durable, qui pourrait redéfinir le rôle de la Libye dans le commerce agricole international.

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