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La friperie au Ghana : Un secteur lucratif mais dévastateur pour l'environnement
Le secteur de la friperie au Ghana est un moteur économique important, créant des dizaines de milliers d’emplois et générant des recettes fiscales substantielles pour le gouvernement. Cependant, cette activité se fait au prix d’une catastrophe environnementale, liée à la détérioration de la qualité des vêtements usagés importés et au manque cruel d’infrastructures de recyclage.
Selon un rapport publié le 11 septembre par l’ONG environnementale internationale Greenpeace, intitulé « Fast Fashion, Slow Poison : The Toxic Textile Crisis in Ghana », près de 50% des vêtements de seconde main importés par le Ghana échouent dans des décharges sauvages à ciel ouvert ou dans l'océan. Cette situation a des conséquences néfastes sur les écosystèmes, la santé humaine et les moyens de subsistance des populations.
Le Ghana, Deuxième Importateur Mondial de Vêtements Usagés
Le Ghana est le deuxième importateur de vêtements usagés à l’échelle internationale après le Pakistan, avec une part de 5,1 % du marché mondial. En 2022, ce pays d’Afrique de l’Ouest a reçu 121 934 tonnes de vêtements d’occasion, connus localement sous le nom d'Obroni Wawu (vêtements d'hommes blancs morts). Ces articles proviennent principalement du Royaume-Uni, de la Chine, de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
Sur les quelque 15 millions d'articles de seconde main qui arrivent chaque semaine par conteneurs au Ghana, juste un peu plus de la moitié sont revendus localement, répondant à une forte demande en vêtements d'occasion et bon marché. Cependant, le reliquat, en raison de sa mauvaise qualité, n’est pas exploitable et finit dans des décharges sauvages.
L'Impact de la Fast Fashion
La part des déchets textiles non-réutilisables n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années, en raison de l’essor de la « fast fashion » (mode rapide), une mouvance de marques qui produisent des vêtements très vite, très souvent, et pour pas cher. Pour établir les itinéraires de ces vêtements invendables et évaluer leurs impacts sur l'environnement et les communautés, des chercheurs de Greenpeace ont mené en octobre 2023 une enquête à Kantamanto, un marché situé au cœur d'Accra, où 30 000 petits commerçants proposent des vêtements usagés.
Des Déchets Textiles Envahissants
Après l’ouverture des ballots arrivés sur ce marché, les nombreux articles inexploitables sont jetés sans discernement dans la nature, en raison des capacités de recyclage anecdotiques du pays. Ces vêtements de piètre qualité finissent dans des espaces ouverts et des décharges informelles situées à la périphérie de la ville, et plus loin dans les campagnes.
Les piles de déchets vestimentaires empiètent de plus en plus sur des écosystèmes naturels fragiles, étouffent les habitats des animaux et remplissent l'air de fumées noires provenant des incendies qui se déclarent souvent dans les dépotoirs anarchiques. Ces décharges rejettent également des lixiviats toxiques qui contaminent les terres agricoles et s'écoulent dans les lagunes et des zones humides. Lors de la saison des pluies, les eaux charrient les vieux vêtements et les déversent dans les cours d'eau et, in fine, dans l’océan Atlantique, où ils mettent en danger les milieux aquatiques et abîment les filets des pêcheurs.
Des Substances Chimiques Cancérigènes
Des tests in situ effectués par les chercheurs de Greenpeace ont montré que 89% des vêtements inexploitables sont fabriqués à partir de fibres synthétiques telles que le polyester, le nylon et l'acrylique. Ces fibres non-biodégradables finissent par se décomposer en microplastiques qui contaminent le sol, l’eau, l’air et la chaîne alimentaire.
Le rapport révèle également que d'importants volumes de déchets textiles sont collectés au marché de Kantamanto via des filières informelles de déchets pour être brûlés comme combustible dans plusieurs lavoirs publics situés dans les environs. Des échantillons d'air prélevés par Greenpeace montrent que l'air ambiant de trois lavoirs publics était contaminé par de nombreuses substances chimiques dangereuses, dont beaucoup dépassaient de très loin les normes de sécurité européennes. Il s'agit notamment de composés cancérigènes tels que le benzène et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui exposent les travailleurs et les clients des lavoirs ainsi que les personnes vivant à proximité à un grand danger.
Recommandations pour Atténuer la Crise
Pour atténuer la crise environnementale et sociale découlant du débarquement massif de textiles usagés en provenance des pays occidentaux et d’Asie, le rapport recommande notamment aux autorités ghanéennes d’interdire formellement l’importation des vêtements de deuxième main invendables et de peser de tout leur poids pour favoriser l’adoption du principe du pollueur-payeur dans le marché mondial du prêt-à-porter. Cela obligerait les enseignes à être responsables de la gestion des déchets tout au long du cycle de vie des vêtements qu'elles produisent.
Enfin, bien que le secteur de la friperie au Ghana soit économiquement bénéfique, il est urgent de mettre en place des mesures pour atténuer ses impacts environnementaux dévastateurs. Les recommandations de Greenpeace offrent une voie à suivre pour créer un système plus durable et responsable.