-
20:30
-
20:00
-
19:30
-
19:00
-
18:30
-
18:00
-
17:30
-
17:20
-
17:00
Suivez-nous sur Facebook
Mondial 2030 : le Maroc trace une voie budgétairement responsable vers l’excellence
À l’approche de l’un des événements sportifs les plus médiatisés au monde, le Maroc affiche une ambition claire : coorganiser la Coupe du monde 2030 sans tomber dans le piège des dérives budgétaires. En optant pour un modèle de financement progressif, encadré et largement adossé à des partenariats public-privé, le Royaume entend éviter les écueils qui ont terni l’expérience de plusieurs pays hôtes.
Lors d’une conférence organisée à Rabat, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a rassuré sur la viabilité économique du projet. Le soutien de l’État restera limité à un plafond annuel de 1,6 milliard de dirhams jusqu’en 2030, sans peser sur le budget général. Une précision qui répond aux inquiétudes des marchés, mais aussi à celles de l’opinion publique, marquée par les revers vécus par l’Afrique du Sud, le Brésil ou la Grèce à la suite de leurs grands rendez-vous sportifs.
Un montage financier calibré et prudent
Le modèle marocain repose sur une architecture innovante : les investissements majeurs seront portés par des institutions solides comme la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) ou la SONARGES. Le financement s’étalera sur vingt ans, avec pour objectifs de maîtriser les coûts, mutualiser les risques et garantir un usage pérenne des infrastructures.
Les investissements, estimés à environ 150 milliards de dirhams, incluent les chantiers prévus pour la CAN 2025. Cette enveloppe sera mobilisée de manière coordonnée avec les stratégies nationales déjà en cours, afin d’éviter tout chevauchement ou surcoût.
Parmi les projets structurants figurent une station de traitement d’eau potable de grande capacité, des extensions ferroviaires, ainsi que la rénovation de stades à Rabat et Tanger, attendue avant la fin de l’été. Ces investissements visent un double objectif : répondre aux exigences du cahier des charges FIFA et laisser un héritage durable au pays.
Une vision au-delà du sport
Au-delà de la compétition elle-même, le Maroc voit dans le Mondial 2030 une opportunité de rayonnement géopolitique. La complémentarité avec les préparatifs de la CAN 2025 témoigne d’une stratégie intégrée, qui vise à positionner le Royaume comme un acteur central de l’événementiel sportif africain et international.
Cette dynamique se double d’une ambition plus large : utiliser le sport comme levier de transformation territoriale, économique et sociale. En s’inscrivant dans une logique d’héritage et de planification rigoureuse, Rabat entend éviter le sort de Johannesburg, où plusieurs stades du Mondial 2010 sont aujourd’hui désertés, ou de Rio, où les infrastructures héritées des JO de 2016 ont peu profité aux populations locales.
Préserver les équilibres macroéconomiques
Cette prudence financière est cohérente avec les fondamentaux économiques du pays. En 2024, la dette publique du Maroc se maintenait autour de 70 % du PIB, avec des réserves de change couvrant plus de cinq mois d’importations. La stabilité de la notation souveraine et la stratégie budgétaire à moyen terme, publiée par le Trésor, illustrent la volonté du gouvernement de conjuguer ambition sportive et discipline budgétaire.
Le Mondial 2030 ne sera pas une parenthèse budgétaire pour le Maroc, mais un tremplin structurant. En misant sur un financement soutenable et une gouvernance transparente, Rabat souhaite montrer qu’un pays en développement peut accueillir un événement planétaire sans sacrifier sa stabilité économique. Un pari audacieux, mais qui, s’il est tenu, pourrait faire école.