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ONU : Guterres alerte sur un risque de “déraillement” du commerce mondial

16:28

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre un possible “déraillement” du système commercial mondial, fragilisé par les tensions géopolitiques, la montée des barrières douanières et l’explosion de la dette mondiale.
S’exprimant à Genève à l’ouverture de la 16e Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), il a dressé un constat préoccupant sur l’état de l’économie mondiale.

“La dette mondiale a explosé. La pauvreté et la faim persistent. L’architecture financière internationale ne fournit pas un filet de sécurité adéquat aux pays en développement. Et le système commercial fondé sur des règles risque de dérailler”, a-t-il déclaré.

Les tensions commerciales nourrissent l’incertitude

Antonio Guterres a notamment pointé la multiplication des barrières commerciales, conséquence directe des politiques protectionnistes initiées sous la présidence de Donald Trump.
Selon lui, certains pays les moins avancés doivent désormais affronter des droits de douane atteignant 40%, alors qu’ils ne représentent qu’à peine 1% des flux commerciaux mondiaux.

“Les guerres commerciales se multiplient, l’incertitude grandit et les investissements reculent. Les chaînes d’approvisionnement sont en pleine turbulence”, a-t-il insisté.

L’aide au développement en recul, les dépenses militaires en hausse

Le chef de l’ONU a également déploré le recul de l’aide publique au développement, alors même que les dépenses militaires ne cessent d’augmenter.

“Nous investissons de plus en plus dans la mort plutôt que dans la prospérité et le bien-être des populations”, a-t-il fustigé.

Ces déséquilibres, combinés aux divisions géopolitiques, aux inégalités croissantes, à la crise climatique et aux conflits prolongés, menacent la stabilité économique mondiale.

Quatre priorités pour un nouveau cadre mondial

Face à ces risques, M. Guterres a identifié quatre axes d’action prioritaires pour la communauté internationale :

Mettre en place un système de commerce et d’investissement plus équitable ;
Renforcer le financement des pays en développement ;
Promouvoir la technologie et l’innovation comme moteurs de croissance ;
Aligner les politiques commerciales sur les objectifs climatiques.

Le piège de la dette

Antonio Guterres a rappelé qu’en 2024, les États membres avaient adopté un “Pacte pour l’avenir”, réaffirmant leur engagement pour une croissance inclusive et la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Mais le constat reste alarmant : 3,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui consacrent davantage au service de la dette qu’à la santé ou à l’éducation.
“Beaucoup de pays en développement sont piégés dans une spirale d’endettement, avec une marge de manœuvre budgétaire quasi nulle et une croissance atone”, a-t-il alerté.

Des raisons d’espérer

Malgré ce contexte morose, le secrétaire général de l’ONU a voulu souligner quelques signes positifs.
Les pays en développement représentent désormais les trois quarts de la croissance mondiale, tandis que les technologies de pointe injectent des milliers de milliards dans l’économie mondiale.
Les accords commerciaux régionaux se sont multipliés — par sept depuis les années 1990 — et la coopération Sud-Sud s’intensifie.

“Mais dans ce monde radicalement différent, certaines choses, malheureusement, restent inchangées”, a conclu M. Guterres, appelant à un sursaut collectif pour réformer les règles du commerce mondial.