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Boualem Sansal arrêté à Alger après avoir critiqué le Polisario

Boualem Sansal arrêté à Alger après avoir critiqué le Polisario
14:12 Journalistes: ELMIR Barae
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L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport d’Alger peu après des déclarations où il critiquait frontalement le rôle de l’Algérie dans la création et le soutien au Front Polisario. Cette arrestation, rapportée par le journal Le Point, est accompagnée d'accusations graves : Sansal serait suspecté « d’intelligence avec l’ennemi », une accusation récurrente utilisée contre les opposants au régime algérien.

Dans une récente interview accordée à Frontières Media, Boualem Sansal a dénoncé ce qu’il considère comme une manipulation historique et politique de la question du Sahara marocain. Selon lui, le Front Polisario, soutenu par Alger, est une création des autorités militaires algériennes visant à affaiblir le Maroc.

« Ce qu’ont fait les militaires algériens, c’est inventer le Polisario pour déstabiliser le Maroc. Ils voulaient instaurer un système communiste et empêcher les Algériens de regarder de l’autre côté de la frontière et de se dire : ‘Peut-être que le modèle marocain est meilleur, avec plus de libertés et de progrès.’ »

L’écrivain est également revenu sur les conséquences du découpage colonial, affirmant que l’ouest de l’Algérie, historiquement lié au Maroc, avait été arbitrairement rattaché à l’Algérie par la France.

« La France n’a pas colonisé le Maroc de la même manière que l’Algérie parce que le Maroc est un État avec une histoire et une structure. Coloniser un État fort est une tâche bien plus difficile. »

Ces propos, considérés comme une remise en question de la souveraineté algérienne et une critique directe du régime, ont provoqué une vive réaction des autorités. Peu après la diffusion de l’interview, Boualem Sansal a été interpellé à l’aéroport d’Alger alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Cette arrestation s’inscrit dans une série de mesures de répression contre les voix critiques en Algérie.

Le motif officiel, selon Le Point, serait une accusation « d’intelligence avec l’ennemi », un terme vague souvent utilisé dans des affaires politiques. Cette accusation reflète l’extrême sensibilité du pouvoir algérien à toute critique touchant au conflit du Sahara marocain ou aux relations avec le Maroc.

La nouvelle de l’arrestation de Sansal a immédiatement suscité des réactions. Des militants pour la liberté d’expression, des intellectuels et des figures politiques ont dénoncé cet acte comme une tentative d’intimidation visant à museler les opposants au régime.

Cette affaire soulève également des questions sur l’état des libertés en Algérie, où les autorités ont intensifié les poursuites contre les journalistes, les activistes et les écrivains ces dernières années.

L’affaire intervient dans un contexte de tension régionale entre l’Algérie et le Maroc. Alors que Rabat renforce ses alliances diplomatiques pour soutenir sa souveraineté sur le Sahara marocain, Alger continue de soutenir le Polisario, alimentant un climat de méfiance et d’escalade politique.

Boualem Sansal, qui a souvent été une voix critique des dérives autoritaires en Algérie, se retrouve aujourd’hui dans une position délicate. Alors que des appels internationaux à sa libération pourraient émerger, son arrestation symbolise un régime de plus en plus intransigeant face à la dissidence.

Cette affaire, à la croisée des enjeux politiques, historiques et personnels, illustre une fois de plus le poids des tensions entre liberté d’expression et pouvoir autoritaire dans la région.


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