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Emploi salarié à Casablanca-Settat : entre essor quantitatif et précarité sociale

Emploi salarié à Casablanca-Settat : entre essor quantitatif et précarité sociale
12:08
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Le dernier rapport de l’Observatoire marocain de la TPME, publié en 2025, jette une lumière contrastée sur l’évolution du marché de l’emploi salarié dans la région de Casablanca-Settat. Si les indicateurs globaux témoignent d’une progression soutenue, les réalités sociales révèlent une précarité persistante, particulièrement au sein des très petites, petites et moyennes entreprises.

Entre 2016 et 2023, le nombre de salariés affiliés à la CNSS dans la région est passé de 1,37 million à 1,82 million, traduisant une croissance annuelle moyenne de 4%, portée à 5,7% après la crise sanitaire. Ce dynamisme renforce la place centrale de Casablanca-Settat dans l’économie nationale, en tant que premier pôle d’emploi formel du Royaume.

Cependant, cette croissance ne bénéficie pas à tous les acteurs économiques. Les grandes entreprises, bien structurées et mieux armées pour affronter les chocs économiques, concentrent aujourd’hui 37% des emplois et une part significative de la masse salariale. À l’inverse, les TPME — malgré leur poids numéraire — voient leur rôle s’effriter, avec une baisse de leur contribution annuelle à l’emploi de 2,1% depuis la pandémie.

Le tissu économique régional reste fortement centralisé : Casablanca regroupe à elle seule plus de 88% des salariés et 80% des entreprises déclarées. Les autres zones de la région, comme Berrechid et El Jadida, peinent à peser suffisamment pour corriger ce déséquilibre géographique ancien.

D’un point de vue sectoriel, le commerce reste le secteur le plus représenté en nombre d’entreprises, bien qu’en repli. Les services administratifs et de soutien ont pris la tête en matière de nombre d’emplois, illustrant une mutation progressive du tissu productif régional. Par ailleurs, des secteurs comme l’hébergement-restauration et l’information-communication affichent des croissances salariales respectives de 16,7% et 14,1%, confirmant leur montée en puissance.

Mais ces signaux positifs masquent des failles structurelles profondes. En 2023, près de deux salariés sur trois dans la région touchaient moins de 4.000 dirhams par mois, et près de 43% ne dépassaient pas le SMIG. Une précarité largement concentrée dans les microentreprises, souvent contraintes de proposer des contrats à temps partiel.

Les disparités de rémunération sont également marquées par la taille et l’ancienneté des entreprises. Dans les grandes structures, près de la moitié des salariés perçoivent un salaire supérieur à 4.000 dirhams. À l’opposé, dans les très petites entreprises, seuls 19% atteignent ce seuil. De même, dans les entreprises nouvellement créées, plus de la moitié des effectifs perçoivent un revenu inférieur au SMIG, contre 39% dans les structures plus anciennes.

Ces constats soulignent les défis à relever pour construire un modèle de croissance inclusive dans la région. Si l’essor de l’emploi salarié constitue une avancée indéniable, il ne saurait masquer les fragilités économiques et sociales persistantes. Pour que le développement profite durablement à l’ensemble des travailleurs, un soutien plus ciblé aux TPME, une meilleure redistribution des richesses et un rééquilibrage territorial s’imposent.

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