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Le chinois CATL va produire des batteries en Allemagne
Le fabricant chinois de batteries Contemporary Amperex Technology (CATL) a choisi l’Allemagne pour sa première usine en Europe, signant lundi un contrat majeur avec BMW pour la fourniture de batteries lithium-ion.
Le contrat signé sous les auspices de la chancelière Angela Merkel et du Premier ministre chinois Li Keqiang sonne toutefois comme un signal d’alarme pour l’industrie automobile européenne, dont le manque de capacités de production propres risque de freiner le développement de la mobilité électrique.
Le contrat signé avec BMW prévoit un premier investissement d’environ 240 millions d’euros pour construire une usine à Erfurt, en Allemagne orientale, a déclaré à la presse Wolfgang Tiefensee, le ministre des affaires économiques du Land de Thuringe.
En tout, BMW prévoit de commander pour quatre milliards d’euros de cellules de batteries à CATL dans les prochaines années, dont 1,5 milliard d’euros en provenance d’Erfurt, a dit le directeur des achats du constructeur, Markus Duesmann.
CATL, le premier fabricant mondial de cellules de batteries pour voitures électriques, a affirmé que l’usine allemande n’était que la première étape de son expansion en Europe.
“Nous voulons approvisionner tous les constructeurs en Europe”, a dit le président du groupe chinois, Robin Zeng. “Si le projet en Thuringe réussit, on pourra envisager d’autres sites”.
Angela Merkel a salué l’investissement de CATL, dont l’usine d’Erfurt fera travailler 600 personnes, tout en appelant de ses voeux une future concurrence européenne. “Si on y arrive par nous-mêmes, je n’en serais pas mécontente”, a-t-elle dit.
Pour Jörn Neuhausen, expert de Strategy&, une branche du consultant PwC, l’implantation de CATL en Allemagne fait figure de “coup de semonce” pour l’industrie locale.
Les constructeurs allemands mettent l’accent sur le développement de technologies plus propres pour tenter de faire oublier le scandale du “dieselgate”, qui a éclaté en 2015 et a souligné leur dépendance excessive au moteur à explosion.
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“SILICON SAXONY”
Les analystes ne peuvent s’empêcher de dresser un parallèle entre ce secteur et celui des semi-conducteurs, dans lequel l’Europe s’est laissée distancer par le continent asiatique sur les produits de masse comme les mémoires mais est parvenue - grâce entre aux aides publiques - à conserver des acteurs de premier plan dans les puces à haute performance, par exemple dans le domaine de la gestion de l’énergie.
Ce type de semi-conducteurs est notamment très demandé dans la voiture électrique, les trains, les turbines d’éoliennes ou encore les centres de serveurs.
“Lorsqu’on parle de puces de silicium pour l’automobile, il ne s’agit pas de produits standard mais d’applications spécialisées”, observe Elmar Kades, du cabinet de conseil AlixPartners. “C’est du bon business”.
Le groupe industriel allemand Robert Bosch est en train de construire un nouveau site dans la “Silicon Saxony”, littéralement la “Silicon Valley saxone”, dans l’est du pays, une usine qui produira des puces pour l’automobile et l’”internet des objets”.
L’équipementier automobile a choisi de ne pas produire ses propres cellules de batteries lithium-ion, en expliquant qu’il faudrait investir 20 milliards d’euros sur ce marché pour espérer pouvoir en prendre 20% d’ici 2030.
De l’avis des experts, la vraie valeur réside dans les procédés de combinaison des cellules de façon à augmenter leurs performances, que ce soit en termes d’autonomie des véhicules électriques ou de temps de recharge.
“Faire la course aux technologies du moment ne sert à rien”, estime Peter Cammerer, membre du comité d’entreprise de BMW.
Il exhorte donc l’industrie automobile à se préparer à “l’ère de l’après-lithium” en se concentrant dans les technologies jugées prometteuses du sodium-ion ou du magnésium-ion. Les sels de sodium sont plus abondants que ceux de lithium, tandis que le magnésium peut être employé dans des batteries à composants solides, en principe plus performantes.
Source : Reuters