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Notre-Dame-des-Landes : l'évacuation se poursuit
Les forces de l'ordre ont lancé lundi à l'aube à Notre-Dame-des-Landes (Loire Atlantique) une opération massive d'expulsion des occupants illégaux de la ZAD qui a donné lieu à des affrontements et s'annonce plus "compliquée" les prochains jours.
"Plus ça va aller, plus ça va être compliqué", a jugé la préfète des Pays de la Loire Nicole Klein. "On a fait le plus simple", a-t-elle ajouté à l'issue de ce premier jour d'une intervention qui a mobilisé 2.500 gendarmes.
Les opérations, interrompues à 18H00 selon elle, vont reprendre mardi à 06H00, selon la gendarmerie. Les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes de repli, selon une journaliste de l'AFP.
"L'après-midi se finit dans un bocage asphyxié par les gaz lacrymogènes après déjà de longues heures de résistance face à la destruction d'habitats et fermes de la ZAD", a déploré le mouvement d'occupation.
"Au moins neuf lieux de vie collectifs ont péri, avec leurs divers habitats particuliers brisés, leurs ateliers en miettes, leurs jardins piétinés", selon son propre bilan.
Les zadistes entendent "empêcher" les forces de l'ordre de poursuivre leur intervention et de "s'enraciner" sur les lieux. Ils appellent "tous ceux qui peuvent à se rendre sur place dès l'aube" mardi "pour leur faire obstacle".
L'intervention qui a débuté à 06h00, s'est concentrée sur les abords de la D281, l'ex-route "des chicanes".
Les accès avaient été bloqués par les gendarmes mobiles dès 03H00. Des images fournies par les militaires montrent un escadron de gendarmerie déblayant la route jonchée de pneus brûlés, d'épaves de voitures et surmontée de barricades en feu.
Des affrontements ont éclaté une demi-heure après le début de l'opération entre zadistes et gendarmes mobiles au lieu-dit "Les fosses noires", au sud-ouest de la D281. Une dizaine de tracteurs "vigilants" barraient la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques.
En milieu de matinée, des engins de chantiers sont arrivés sur la D281. Le mirador et le chapiteau du "Lama fâché" ont été détruits par deux pelleteuses.
Un peu plus tard, c'est le squat des "100 noms" dont les résidents ont été expulsés. Les gendarmes ont dû déloger plusieurs dizaines de zadistes venus s'opposer pacifiquement à la destruction du lieu, a constaté l'AFP.
"Les 100 noms n'ont pas déposé de projet agricole", a déclaré la préfète, assurant aussi que seules les installations précaires seraient détruites et "rien qui soit en dur".
La destruction de ce lieu est "inutile", a répondu un collectif d'élus anti-aéroport. Elle "risque d'être lourde de conséquences".
L'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, et plutôt modérée, a parlé de "ligne rouge franchie" après la destruction des "100 noms", lieu de vie qui "portait un vrai projet agricole, un projet solide et pérenne". Ils ont appelé leurs soutiens à "venir en nombre" protester mardi sur la ZAD.
A 15H30, 13 squats ont été "traités" et dix personnes ont été expulsées selon un bilan du ministère de l'Intérieur. Sept personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Un gendarme a été légèrement blessé.
Six des sept personnes interpellées se trouvaient dans un même véhicule, en possession de stupéfiants et de pétards. La septième est un mineur interpellé dès 05h30 notamment pour le jet d'un pavé.
La préfète a expliqué que l'objectif de démanteler une "quarantaine de squats" sur 97 était "presque atteint". Neuf huissiers sont sur place, a-t-elle précisé.
Le survol aérien de la zone a été interdit jusqu'à vendredi prochain.
Des manifestations se déroulaient lundi soir à Nantes, Rennes et dans d'autres villes de France pour protester contre l'intervention sur la ZAD.
L'opération de grande ampleur lancée lundi matin prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.
La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.
Le 17 janvier, en mettant fin au projet d'aéroport, le Premier ministre Édouard Philippe avait promis d'éradiquer la "zone de non droit".
L'opération d'évacuation démarrée lundi est la première d'ampleur depuis l'"opération César" à l'automne 2012, qui avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.
Agences : AFP