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Ramadan 2025 : Quand la télévision marocaine jongle entre succès et critiques

Ramadan 2025 : Quand la télévision marocaine jongle entre succès et critiques
Mercredi 26 - 19:35
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Comme chaque année, la fébrilité télévisuelle atteint son paroxysme avec le Ramadan. Les chaînes marocaines déploient l’artillerie lourde pour capter l’attention du public à l’heure du ftour, avec une programmation oscillant entre drames poignants, comédies légères et sitcoms réchauffées. Une diversité qui, comme à l’accoutumée, déclenche les foudres des "plus religieux", toujours prompts à dénoncer cette "pollution visuelle" censée détourner les fidèles de la portée spirituelle du mois. Bizarrement, plus les critiques pleuvent, plus les audiences grimpent.

Cette édition 2025 ne fait pas exception : critiques acerbes et scores d’audience faramineux s’affrontent une fois de plus. Parmi les productions les plus commentées cette saison, on retrouve Dem Lmachrouk, Jorh Kdim, Rahma, et bien sûr, les sitcoms habituelles, fidèles au poste.

Dès ses premières images, Dem Lmachrouk s’est imposé comme l’un des feuilletons les plus audacieux du Ramadan. Porté par une réalisation nerveuse et une photographie soignée, ce thriller social dissèque les rouages du pouvoir et de la corruption à travers l’histoire de trois sœurs. Avec un casting mêlant valeurs sûres et jeunes promesses, la série réalise un tour de force : mettre en lumière un phénomène souvent ignoré des urbains, "lfrakchia", ces voleurs de bétail qui terrorisent les éleveurs. Une idée originale et ambitieuse, même si quelques longueurs et certaines ficelles dramatiques un peu trop visibles ont freiné son envol.

Rahma et Saida, interprétées par Meryem Zaimi et Sandia Tajeddine, découvrent un passé familial bien moins reluisant qu’il n’y paraît. Leur oncle, Kacem (Abdellah Didane), déchu de son pouvoir, ne compte pas les laisser filer tranquillement. Amour, vengeance et quête de soi rythment leur parcours, bien que la narration s’emmêle parfois dans ses propres nœuds.

Autre sujet brûlant : Dounia Boutazout et son retour controversé. Loin des yeux, près du cœur, Dounia n’a pas suivi ce conseil et paye cher cette saison. Son personnage de Rkia a suscité une avalanche de critiques, notamment de la part des professionnels du secteur, qui jugent qu’elle est victime d’une programmation qui ne lui rend pas justice. Un retour qui fait mal, surtout dans un Ramadan où l’attente est grande et la concurrence féroce.

Dans un registre plus mélodramatique, Jorh Kdim explore les blessures familiales et les secrets trop lourds à porter. Réalisée par Mourad El Khaoudi, la série met en scène le destin de Zineb (Nadia Ait Mouh), revenue après des années pour se venger de sa famille, avant que le destin ne la confronte à un amour refoulé, incarné par Ouenza. Entre suspense et drame, la série a su captiver, même si elle flirte parfois dangereusement avec l’excès de pathos.

Quant à Rahma, elle s’aventure sur un terrain social sensible : le handicap. Mouna Fettou campe une femme confrontée à la stigmatisation et à l’injustice après la naissance de son fils, à qui son mari refuse tout droit à une vie digne. Entre violence conjugale, trahisons et injustice, la série dresse un portrait sombre mais nécessaire d’une réalité souvent occultée. Dommage que la mise en scène parfois trop classique et un rythme inégal aient terni l’ensemble.

Et les sitcoms ? Fidèles à elles-mêmes, elles ont rempli leur mission : distraire après une journée de jeûne. Mais si le public reste présent, l’innovation, elle, semble avoir fait ses valises. Humour déjà vu, situations stéréotypées et dialogues peu inspirés : à force de recycler les recettes, la lassitude commence à se faire sentir.

Cette saison télévisuelle oscille entre agréables surprises et déceptions annoncées. Si certaines productions se sont illustrées par leur audace et la justesse de leur exécution, d’autres ont laissé un goût de déjà-vu.

Une chose est sûre : la télévision marocaine reste un pilier incontournable du Ramadan, mais à l’heure du streaming et des plateformes, elle gagnerait à sortir de sa zone de confort. Histoire que l’année prochaine, on ait autre chose à se mettre sous la dent que les mêmes polémiques éculées.

La télévision marocaine continue d’occuper une place centrale dans le paysage médiatique du Ramadan, même si elle gagnerait à explorer de nouvelles voies narratives pour séduire un public de plus en plus "netflixien".

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