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Surveillance biométrique : Skyline interpelle le Maroc avant la CAN 2025
Reconnaissance faciale et opacité réglementaire : un climat d’inquiétude à l’approche des grands événements sportifs
Alors que le Maroc s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique des nations (CAN) du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, et à coorganiser la Coupe du monde de football en 2030, l’intensification des dispositifs de surveillance dans les espaces publics suscite de vives préoccupations. L’ONG Skyline International for Human Rights (SIHR) alerte sur un déploiement discret, mais rapide, de technologies biométriques à Casablanca, Rabat ou encore Marrakech, sans consultation citoyenne ni cadre juridique clair.
Une extension silencieuse des technologies intrusives
Dans un rapport rendu public le 11 juin, intitulé "Morocco’s Surveillance Infrastructure Expands Ahead of the Africa Cup and World Cup", SIHR documente l’implantation croissante de caméras à reconnaissance faciale et d’outils de traitement biométrique dans plusieurs grandes villes marocaines. Présentées comme des instruments de sécurité publique, ces technologies se développent toutefois en l’absence de législation spécifique, de débat public ou de mécanismes transparents de régulation.
Selon SIHR, cet élargissement non encadré porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment la vie privée, la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique. L’organisation affirme que « la sécurité d’un pays ne peut se concevoir au détriment des libertés fondamentales », rappelant les dérives possibles d’un tel arsenal technologique en période de forte exposition internationale.
CNDP : une autorité restée silencieuse
La Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) avait pourtant annoncé, en mars 2025, l’organisation d’auditions publiques pour discuter de l’usage de la reconnaissance faciale. Mais depuis, aucune information n’a été rendue publique sur ces travaux. Cette opacité a conduit SIHR à adresser, le 20 mai, une lettre ouverte à la CNDP, l’invitant à apporter des clarifications urgentes sur les garanties juridiques et éthiques entourant ces technologies.
Dans cette lettre, l’ONG pose six questions précises, parmi lesquelles : les auditions ont-elles eu lieu ? Les résultats seront-ils rendus publics ? Existe-t-il un cadre réglementaire en cours d’élaboration ? Des restrictions temporaires ou une interdiction en milieu urbain sont-elles envisagées, comme cela avait été le cas durant la pandémie de COVID-19 ? Une évaluation des impacts sur les droits humains a-t-elle été conduite ? Et enfin, quel est le rôle de la CNDP dans le contrôle des fournisseurs privés de ces outils ?
Skyline conclut son courrier en appelant à un dialogue transparent, soulignant que « l’absence de communication mine la confiance du public et augmente le risque d’abus, en particulier envers les populations marginalisées ».
La réputation du Maroc en jeu
À l’heure où le royaume s’apprête à accueillir deux des événements sportifs les plus suivis au monde, la question de l’équilibre entre sécurité et libertés fondamentales devient cruciale. SIHR insiste sur la nécessité d’un encadrement rigoureux : « La confiance du public repose sur un débat honnête, une réglementation claire et une surveillance indépendante. »
Au-delà des infrastructures sportives, c’est l’image démocratique du Maroc qui se joue. Pour SIHR, l’État doit faire preuve de responsabilité en matière de technologies numériques, en veillant à ce que leur déploiement ne se fasse pas aux dépens des droits fondamentaux.
À la date du 11 juin, la CNDP n’a toujours pas répondu. Le silence de l’institution nourrit les craintes de voir s’installer, à l’ombre des projecteurs internationaux, une architecture de surveillance opaque, difficile à démanteler une fois en place.
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